Zebqine (sud du Liban), 28 novembre 2025 – Pour la première fois depuis la fin de la guerre avec Israël il y a un an, l’armée libanaise a autorisé vendredi la presse à pénétrer dans un tunnel souterrain abandonné par le Hezbollah. Creusé dans la roche au fond d’une vallée escarpée de Zebqine, à quelques kilomètres de la frontière israélienne, le boyau d’une centaine de mètres témoigne de l’ampleur de l’infrastructure militaire que le parti chiite avait implantée au sud du Litani.
Éclairé par des ampoules pendues à des câbles électriques encore fonctionnels et doté de bouches d’aération, le tunnel dessert plusieurs pièces taillées dans la pierre : une cuisine sommaire, un espace de repos, un local médical. Des vestes militaires accrochées aux murs, des boîtes de conserve, des bouteilles d’eau et du matériel de premiers secours jonchent le sol. L’armée assure avoir saisi et emporté toutes les armes qui s’y trouvaient lors de sa découverte.
« C’est un ancien poste de commandement », explique sobrement un officier qui guide les journalistes. Aucun marquage ni document ne permet d’attester formellement l’appartenance au Hezbollah, mais la localisation, la sophistication et le contexte ne laissent guère de doute.
Depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu du 27 novembre 2024, l’accord impose à l’État libanais de désarmer le Hezbollah et de démanteler ses infrastructures militaires entre la frontière et le Litani, soit une bande d’environ 30 km de profondeur. Environ 10 000 soldats libanais ont été déployés dans la zone.
« Depuis un an, aucune arme n’est entrée dans le secteur sud », martèle le général Nicolas Tabet, commandant du secteur sud-Litani, lors d’un bref briefing. Il réfute ainsi les accusations répétées d’Israël, qui affirme que le Hezbollah se réarme et justifie par là ses frappes quasi quotidiennes sur le Liban, en violation du cessez-le-feu.
L’armée libanaise dit avoir saisi, en un an, près de 230 000 pièces d’armement : fusils, munitions, lance-roquettes, missiles antichars. Une partie sera détruite, l’autre, en état de marche, intégrée – après validation légale – à l’arsenal national.
Sous forte pression américaine et israélienne, Beyrouth s’est engagé à achever ce démantèlement avant le 31 décembre 2025. Un calendrier serré, alors que le Hezbollah, bien qu’affaibli par la guerre et par l’élimination de nombreux cadres (dont Hassan Nasrallah en 2024 et, dimanche dernier, son chef militaire Haitham Ali Tabatabai), refuse toujours de rendre ses armes.
En parallèle, l’armée israélienne maintient l’occupation de cinq points stratégiques au-delà de la Ligne bleue, autre point de friction qui retarde la pleine application de l’accord de cessez-le-feu.
Dans la vallée silencieuse de Zebqine, le tunnel vide et les câbles qui pendent encore au plafond sont, pour l’instant, le seul spectacle visible d’un désarmement en cours… et contesté de toutes parts.


























