Le débat sur le meilleur joueur de l’histoire du football algérien reste ouvert et passionné. Entre les légendes des années 80 et la génération actuelle, de nombreuses figures ont marqué l’équipe nationale. Toutefois, aucun consensus n’émerge, tant les critères de jugement sont flous et les époques différentes. Récemment, Amine Gouiri, jeune attaquant de l’Olympique de Marseille, a jeté de l’huile sur le feu. Interrogé par la Ligue 1 sur le meilleur joueur algérien de l’histoire, il a désigné sans hésiter son capitaine, Riyad Mahrez. Une prise de position qui a électrisé les réseaux sociaux, opposant les défenseurs de la nouvelle génération à ceux qui vénèrent les légendes du passé. Ce choix reflète-t-il une admiration personnelle ou une vérité objective ? Le débat était relancé.
Pour beaucoup, Lakhdar Belloumi reste l’âme du football algérien. Dans les années 1970 et 1980, ce virtuose a ébloui par sa technique pure et sa vision du jeu. Son but lors de la victoire historique contre l’Allemagne (2-1) à la Coupe du monde 1982 a gravé son nom dans la légende. Surnommé le « Maestro », il a dominé les pelouses locales avec le GC Mascara et le MC Oran, remportant championnats et coupes. Mais son choix de rester en Algérie, dans un football moins exposé, limite son palmarès international. Belloumi, c’est l’élégance brute, un symbole d’une époque où le talent suffisait à inspirer.
Rabah Madjer, lui, incarne les moments qui font basculer l’histoire. Sa talonnade légendaire en finale de la Coupe des clubs champions 1987 avec le FC Porto, face au Bayern Munich, est un chef-d’œuvre gravé dans les mémoires mondiales. Héros de la CAN 1990, premier sacre continental de l’Algérie, il a aussi brillé en 1982 contre l’Allemagne. Madjer, c’est le sacrifice pour la nation et une réussite européenne rare pour un Algérien de son temps. Son palmarès, bien que moins fourni que celui des stars actuelles, porte la marque des exploits inoubliables.
Et puis il y a Riyad Mahrez, l’enfant de Sarcelles devenu roi du football moderne. Son rôle dans le titre improbable de Leicester City en Premier League 2015-2016 (17 buts, 11 passes décisives) a stupéfié le monde. Avec Manchester City, il a collectionné les trophées : 4 Premier League, une Ligue des champions (2023), et bien plus. Capitaine des Fennecs, il a conduit l’Algérie à la CAN 2019, ponctuant son parcours d’un coup franc d’anthologie contre le Nigeria. Mahrez, c’est la régularité au plus haut niveau, un palmarès XXL et une visibilité globale qui redéfinit l’image du football algérien.
Comparer ces trois géants revient à confronter des mondes différents. Belloumi et Madjer ont brillé dans un football moins globalisé, avec des moyens limités mais une aura mythique. Mahrez, lui, évolue dans une ère ultra-compétitive, où ses exploits sont amplifiés par les projecteurs médiatiques. Le talent brut penche vers Belloumi, les moments iconiques vers Madjer, et la domination statistique vers Mahrez. Mais d’autres noms – Islam Slimani, Sofiane Feghouli, ou Baghdad Bounedjah – viennent parfois enrichir ce débat, rappelant la profondeur du vivier algérien.