L’équipe nationale algérienne n’a jamais été étrangère aux turbulences. Mais certaines révélations, même des années plus tard, résonnent comme des électrochocs. C’est le cas de celle récemment livrée par Rachid Ghezzal, ancien international formé à l’Olympique Lyonnais, qui a jeté un pavé dans la mare en dénonçant un épisode surréaliste vécu en 2016, à la veille d’un match crucial pour les qualifications à la Coupe du monde 2018.
« On jouait un match de qualification ultra-important pour la Coupe du monde. L’après-midi ou la veille, on apprend que le coach est à la plage… Ça nous a tués mentalement », a confié Ghezzal, encore marqué par cette scène qu’il qualifie de traumatisante. L’homme visé ? Milovan Rajevac, sélectionneur éphémère des Fennecs, dont le court mandat reste associé à l’un des passages les plus chaotiques de l’histoire récente de la sélection.
Cette sortie de Ghezzal ravive le souvenir d’un malaise profond. Nommé dans la foulée du départ de Christian Gourcuff, Milovan Rajevac, finaliste de la CAN 2010 avec le Ghana, arrive en Algérie auréolé d’une réputation… qui s’effondre très vite. Dès les premières semaines, le courant ne passe pas. Son manque de communication, son approche distante, et surtout un désintérêt apparent pour l’engagement collectif plongent les joueurs dans l’incompréhension. L’épisode de la plage, raconté aujourd’hui par Ghezzal, cristallise ce sentiment d’abandon.
Le match évoqué par Ghezzal — un Algérie-Cameroun disputé à Blida en octobre 2016 — devait lancer les Verts sur la voie du Mondial 2018. Pourtant, le nul 1-1, au terme d’une prestation sans relief, illustre déjà les limites d’un groupe démobilisé, sans cap ni leadership clair. Dans les coulisses, la frustration explose. Certains cadres dénoncent le comportement du coach, et la Fédération n’a d’autre choix que de trancher. Rajevac est évincé après seulement deux matchs.
Si la déclaration de Ghezzal intervient près de neuf ans après les faits, elle n’en reste pas moins précieuse. Elle témoigne d’un manque de professionnalisme structurel qui a trop souvent freiné les ambitions légitimes d’une génération dorée. À l’époque, l’équipe comptait des talents comme Mahrez, Brahimi, Slimani ou Feghouli, mais manquait cruellement d’encadrement stable et visionnaire.
Le cas Rajevac symbolise un mal plus large : l’absence de projet à long terme, le turn-over incessant à la tête de la sélection, et le déficit d’exigence managériale dans les moments décisifs. Une série de dysfonctionnements qui ont coûté à l’Algérie une qualification pour la Coupe du monde et, plus encore, la confiance d’une génération envers son encadrement.
Aujourd’hui écarté de l’équipe nationale, Rachid Ghezzal ne règle pas des comptes personnels. Il pose un constat. Et à travers lui, c’est tout un pan de l’histoire récente des Verts qui se dévoile. Car derrière les exploits ou les désillusions sportives, il y a des choix humains, des erreurs d’organisation, des manques de rigueur — autant de failles qui plombent une dynamique collective.
Alors que l’Algérie se projette vers de nouveaux objectifs avec une génération montante, ce témoignage rappelle que le talent seul ne suffit pas. Il faut un cadre, une discipline, une vision. Faute de quoi, les souvenirs d’une plage à la veille d’un match crucial risquent de hanter longtemps les supporters.