Au début du mois de février, une équipe internationale de glaciologues a embarqué pour une expédition scientifique baptisée Thwaites Glacier Offshore Research, au large des côtes de l’Antarctique.
Lorsque leur navire, le RV Nathaniel B. Palmer, traversait la baie de Pine Island, l’un des officiers a crié « Je crois que je vois des rochers ». À la grande surprise des chercheurs, le petit bout de roche ne figure sur aucune des cartes de la région. Ils en ont conclu qu’il s’agit d’une nouvelle île qui vient d’émerger.
L’équipe est fortement enthousiasmée par la découverte. À l’heure actuelle, ils sont impatients de pouvoir recueillir des indices qui serviront à étudier la trouvaille. Ils cherchent particulièrement à connaitre la cause de l’apparition de cet amas de rochers recouvert de glace, et la vitesse à laquelle il émerge de l’eau.
Les résultats devraient leur permettre de spéculer sur les impacts du phénomène sur l’ensemble des calottes glaciaires.
Pour des raisons météorologiques, l’équipage est actuellement obligé d’attendre avant de pouvoir mettre les pieds sur l’île.
Une manifestation du changement climatique ?
Notons que le but initial de l’expédition était d’étudier la stabilité d’un glacier massif dans l’ouest de l’Antarctique. Toutefois, d’après Wellner, géologue marine à l’Université de Houston au Texas et l’une des principales chercheuses du projet scientifique, la surveillance de l’île est devenue l’une des principales priorités de l’équipe.
Selon l’hypothèse avancée par Lindsay Prothro, géologue glaciaire à l’Université A&M du Texas, il pourrait s’agit d’une manifestation des impacts du changement climatique. Le retrait de glaciers de l’Antarctique occidental a probablement relâché la pression sur la croûte terrestre.
Ce serait ainsi que le bout de terre aurait surgi des profondeurs.
Une vraie mine d’or scientifique
Jusqu’ici, les chercheurs n’arrivent pas à dater l’émergence de l’île. La présence de la calotte glaciaire au-dessus des rochers a empêché la détection de son apparition par les satellites.
D’après Lauren Simkins, géologue glaciaire à l’université de Virginie à Charlottesville, « cette île pourrait contenir beaucoup d’indices ». Elle a expliqué que si cet affleurement s’élève trop rapidement, cela pourrait augmenter la tension sur la couche de glace restante. Néanmoins, si son émergence est modérée, il pourrait favoriser l’ancrage et la stabilité des glaciers.
Quoi qu’il en soit, le Palmer ne sera pas de retour avant le 25 mars. Il faudrait attendre plus d’un mois avant d’obtenir les premiers résultats.
Pour sa part, Paul Cutler, directeur de programme en glaciologie à la Fondation nationale des sciences des États-Unis à Alexandria, en Virginie, a souligné qu’il ne s’agit pas d’un phénomène totalement nouveau.
En effet, de nouvelles îles sont récemment apparues dans la région qui s’étend entre l’Arctique canadien et le Groenland.