Le président libanais, Michel Aoun, a entamé des consultations au Parlement le lundi 31 août pour nommer un nouveau Premier ministre. Le choix s’est porté sur Mustapha Adib, ambassadeur du Liban en Allemagne.
Selon des sources médiatiques locales, les consultations ont commencé le matin du 31 août au palais présidentiel Baabda, à Beyrouth, après une intense mobilisation politique la semaine dernière qu‘il a vu les forces impliquées essayer de parvenir à un accord sur le nom d’Adib. Les premières réunions de la journée ont vu Aoun rencontrer d’anciens chefs de gouvernement, dont Saad Hariri et Najib Mikati, qui étaient déjà d’accord avec la nomination de l’ambassadeur.
Quelques heures plus tard, le président confie officiellement à Adib la tâche de former une nouvelle équipe gouvernementale. Le nouveau Premier ministre, pour sa part, s’est engagé à former au plus vite un exécutif. Celui-ci, a déclaré l’ambassadeur, sera composé de personnes « compétentes », capables d’élaborer et de mettre en œuvre les réformes nécessaires. « Il n’y a pas de temps pour les mots », a déclaré Mustapha Adib.
Selon Hariri, qui a démissionné le 29 octobre 2019, le Liban a actuellement besoin d’un gouvernement de «ministres spécialisés», dont la mission est de reconstruire la capitale Beyrouth après la violente explosion du 4 août. Selon le journal, le Hezbollah s’est également prononcé, avant le début des consultations, en faveur de la nomination de Mustapha Adib à la tête de l’exécutif libanais. C’est le parti lui-même qui s’est défini ouvert à tout » dialogue politique « , ainsi qu’en faveur de réformes politiques de grande envergure, à condition qu’un mécanisme soit mis en place pour trouver un accord, et qu’il y ait le consentement et la volonté de tous. Pièces libanaises.
Pour sa part, le président Aoun a affirmé, le 30 août, que le moment du changement était venu, demandant de déclarer le Liban « État civil », car seul ce dernier pourra « protéger, sauvegarder et faire du pluralisme une véritable unité ». A la veille des consultations, le chef de l’État a souligné la nécessité d’un dialogue associant autorités spirituelles et responsables politiques, afin de parvenir à une formule acceptable par tous, qui sera traduite avec des amendements constitutionnels appropriés. À cet égard, la nécessité d’abandonner une politique basée sur le sectarisme a alors été soulignée, ce qui a conduit à la définition de «lignes rouges et quotas qui freinent toute volonté constructive et stoppent toute démarche de réforme». Selon Aoun, le système sectaire pouvait autrefois être considéré comme valide,
Au début, Saad Hariri était parmi les favoris pour le poste de Premier ministre, mais cette idée n’a pas été pleinement acceptée. L’ambassadeur du Liban en Allemagne n’est pas une figure «populaire» et revendique non seulement une carrière politique, mais aussi une carrière universitaire. De 2000 à 2004, Adib a été conseiller de Najib Mikati, alors ministre des Travaux publics et des Transports dans le gouvernement de Rafik Hariri, deux fois Premier ministre du Liban. Par la suite, en 2006, le candidat à la fonction de Premier ministre a été le représentant du Premier ministre à la commission spéciale chargée d’élaborer la nouvelle loi électorale, avant d’arriver, en 2013, à l’ambassade de Beyrouth en Allemagne.
Selon certains analystes, l’explosion du 4 août a provoqué un changement et former un gouvernement au Liban dans les plus brefs délais représente une volonté partagée également par des acteurs extérieurs, dans le but d’éviter un effondrement total du pays. Parmi celles-ci, la France, comme en témoigne la deuxième visite du président Emmanuel Macron, prévue le 31 août.
Adib devra faire face à une grave crise économique et reprendre les négociations avec le Fonds monétaire international (FMI), visant la mise en œuvre d’un programme d’une valeur d’environ 10 milliards de dollars, qui envisage dans un premier temps des réformes, notamment dans les secteurs électrique et financier. La démission de l’ancien Premier ministre Hassan Diab remonte au 10 août et fait suite à une forte vague de mobilisation populaire, au cours de laquelle des groupes de manifestants ont accusé le gouvernement d’être responsable de l’incident du port de Beyrouth.