La France a vivement réagi à l’arrestation d’un de ses ressortissants au Mali, qualifiée d’« accusations sans fondement » par le ministère des Affaires étrangères. Ce diplomate, membre de l’ambassade de France à Bamako, a été arrêté par la junte malienne qui l’accuse d’appartenir à un « service de renseignement français » impliqué dans une tentative de déstabilisation des institutions du pays. Paris exige sa libération immédiate, invoquant la protection accordée par la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques.
La junte au pouvoir, dirigée par le colonel Assimi Goïta depuis les coups d’État de 2020 et 2021, a annoncé le 14 août 2025 l’arrestation d’un « groupuscule d’éléments marginaux des forces armées de sécurité maliennes » accusé de chercher à « déstabiliser les institutions de la République » avec le soutien d’« États étrangers ». Parmi les personnes arrêtées figure ce ressortissant français, présenté par les autorités maliennes comme un agent de renseignement. Le ministère français des Affaires étrangères a fermement démenti ces allégations, soulignant qu’un dialogue est en cours avec Bamako pour « dissiper tout malentendu » et obtenir la libération sans délai du diplomate.
La Convention de Vienne, invoquée par Paris, garantit l’immunité diplomatique aux membres des missions accréditées, rendant l’arrestation de ce fonctionnaire potentiellement illégale au regard du droit international. L’ambassade de France au Mali a par ailleurs appelé ses ressortissants sur place à la prudence, leur conseillant d’éviter tout rassemblement, selon un message relayé par l’Agence France-Presse (AFP).
Parallèlement, la junte a procédé à l’arrestation d’au moins 55 militaires, dont deux généraux influents, Abass Dembélé et Nema Sagara, selon des sources sécuritaires citées par l’AFP. Le général Dembélé, ancien gouverneur de la région de Mopti et figure respectée de l’armée, avait récemment été démis de ses fonctions. Ces arrestations, concentrées au sein de la garde nationale – corps d’origine du ministre de la Défense, le général Sadio Camara – s’inscrivent dans un contexte de purges internes. Le gouvernement malien affirme que des enquêtes judiciaires sont en cours pour identifier d’éventuels complices.
Cette affaire intervient dans un climat de tensions croissantes entre Paris et Bamako. Depuis l’arrivée au pouvoir de la junte, le Mali s’est progressivement détourné de ses partenaires occidentaux, notamment la France, son ancien colonisateur, pour se rapprocher de la Russie sur les plans politique et militaire. Ce repositionnement stratégique a exacerbé les frictions, déjà marquées par le retrait des forces françaises de l’opération Barkhane en 2022. L’arrestation du diplomate français pourrait ainsi constituer un nouvel épisode dans cette détérioration des relations bilatérales.
Le Quai d’Orsay insiste sur l’urgence de résoudre cette crise diplomatique, réaffirmant que les accusations portées contre le ressortissant français sont dénuées de fondement. Alors que les enquêtes maliennes se poursuivent, la France maintient sa demande de libération immédiate, soulignant le respect des obligations internationales. Cette affaire, qui s’ajoute à l’arrestation récente de l’ancien Premier ministre Choguel Kokalla Maïga pour des enquêtes sur sa gestion, illustre les défis persistants auxquels est confrontée la junte malienne dans sa quête de stabilité interne et de légitimité internationale.