Au moins 344 personnes ont perdu la vie en quarante-huit heures dans le nord-ouest du Pakistan, emportées par des crues soudaines et des coulées de boue. La province montagneuse du Khyber Pakhtunkhwa concentre la majorité des victimes, selon les autorités locales. Les secours, entravés par des routes emportées et des glissements de terrain, peinent à atteindre les zones sinistrées.
À Buner, district parmi les plus touchés, 220 personnes ont péri après une crue violente et soudaine vendredi. « J’ai entendu un grand bruit, comme si la montagne entière s’effondrait. Le sol tremblait comme si c’était la fin du monde », témoigne Azizullah, un habitant.
De nombreux survivants passent la nuit à fouiller les décombres à la main, dans l’espoir de retrouver des proches.
Les districts de Buner, Bajaur, Swat, Shangla, Mansehra et Battagram ont été officiellement déclarés zones sinistrées. Plus de 2 000 secouristes sont déployés, mais l’accès reste difficile. « Les pluies, les glissements de terrain et les routes détruites rendent le transport d’engins lourds et d’ambulances presque impossible », a expliqué Bilal Ahmed Faizi, porte-parole des secours provinciaux.
Alors que les opérations s’intensifiaient, un hélicoptère MI-17 de sauvetage s’est écrasé vendredi, faisant cinq morts parmi l’équipage. Des images relayées sur les réseaux sociaux montrent l’appareil réduit à l’état d’épave calcinée dans une zone montagneuse.
D’après la World Weather Attribution, le changement climatique a accru de 10 à 15 % les précipitations au Pakistan entre fin juin et juillet, aggravant les risques d’inondations.
« Plus de la moitié des victimes sont mortes à cause de la mauvaise qualité des structures », a rappelé Syed Muhammad Tayyab Shah, de l’Autorité nationale de gestion des catastrophes.
Depuis fin juin, près de 500 personnes sont mortes dans le pays, dont une centaine d’enfants.
La catastrophe dépasse les frontières pakistanaises. Au Cachemire indien, le village himalayen de Chositi a été dévasté par des pluies de mousson et des glissements de terrain : 60 morts, 80 disparus et 300 personnes secourues.
« Le changement climatique et le développement incontrôlé des zones montagneuses amplifient le pouvoir destructeur des catastrophes », avertissent les experts.
Le Premier ministre indien Narendra Modi a reconnu que la multiplication de ces événements mettait à l’épreuve la capacité de réaction du pays.
Au Pakistan comme en Inde, les experts redoutent que ces catastrophes ne se répètent plus fréquemment. Les infrastructures fragiles, la pression démographique et le réchauffement climatique transforment chaque mousson en potentiel désastre humanitaire.