C’est un geste qui aurait pu passer inaperçu lors du sommet de haut niveau entre Donald Trump et Vladimir Poutine, vendredi en Alaska. Mais selon des responsables de la Maison-Blanche, le président américain a remis en main propre à son homologue russe une lettre écrite par la Première dame, Melania Trump, exprimant son inquiétude face au sort des enfants ukrainiens enlevés et transférés en Russie depuis le début de la guerre.
Originaire de Slovénie, Melania Trump n’avait pas accompagné son époux à Anchorage. Pourtant, son intervention a marqué l’un des moments les plus symboliques du sommet. « Chaque enfant partage les mêmes rêves paisibles, qu’il naisse dans une campagne modeste ou dans un grand centre urbain », écrit-elle. « Monsieur Poutine, vous pouvez à vous seul leur redonner leur rire mélodieux. En protégeant l’innocence de ces enfants, vous ne servirez pas seulement la Russie, mais l’humanité tout entière. »
La lettre, rendue publique par Fox News, insiste sur la nécessité de « préserver la dignité de chaque âme » et exhorte le président russe à agir immédiatement : « Une idée aussi audacieuse transcende toutes les divisions humaines. Le moment est venu. »
Depuis le lancement de l’invasion russe en février 2022, l’Ukraine accuse Moscou d’avoir enlevé des dizaines de milliers de mineurs et de les avoir déportés vers la Russie ou vers des territoires occupés. Kiev considère ces déplacements forcés comme un crime de guerre et les qualifie de génocide, conformément aux définitions de l’ONU.
Un rapport de l’Institute for the Study of War estime qu’au moins 19 500 enfants ukrainiens ont été emmenés de force en Russie. En 2023, la Cour pénale internationale (CPI) a émis un mandat d’arrêt contre Vladimir Poutine pour ces faits.
Malgré cela, Moscou maintient que ces transferts constituent une mesure de « protection » des enfants vulnérables en zone de guerre. Une affirmation vivement contestée par le Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’ONU, qui accuse la Russie d’avoir infligé des « souffrances à des millions d’enfants ukrainiens ».
La démarche de Melania Trump s’inscrit dans une implication plus large de la Première dame sur la question ukrainienne. Selon plusieurs responsables américains, elle aurait joué un rôle décisif en incitant son mari à adopter une position plus ferme face à Moscou et à renforcer l’aide militaire à Kiev.
Le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Andrii Sybiha, a salué « un acte véritablement humanitaire » et confirmé que le président Volodymyr Zelensky avait personnellement remercié Melania Trump lors d’un appel téléphonique avec Donald Trump.
La rencontre de trois heures entre Donald Trump et Vladimir Poutine à Anchorage n’a pas permis d’obtenir un cessez-le-feu. Mais le président américain a réaffirmé son intention d’organiser un sommet tripartite avec Poutine et Zelensky à Washington dans les prochaines semaines.
Derrière les négociations officielles, la lettre de Melania Trump illustre une autre dimension : celle d’une Première dame qui, par une parole empreinte d’humanité, tente de rappeler aux dirigeants que la guerre ne se mesure pas seulement en gains territoriaux, mais avant tout en vies brisées.