La population égyptienne continue de se mobiliser, exigeant la démission du président Abdel Fattah al-Sissi. Les forces de sécurité, pour leur part, ont pris diverses mesures pour éviter une escalade des manifestations.
En particulier, les bars et centres de réunion du Caire, d’Alexandrie et d’autres villes ont été fermés, le 14 septembre, en prévision du match de football, décisive pour déterminer le vainqueur de la Premier League égyptienne, dans le but ultime d’empêcher les supporters et la population égyptienne en général de se rassembler. Une source sécuritaire, sous couvert d’anonymat, qui craint que des membres de la « Fraternité » puissent profiter de ces opportunités pour organiser des manifestations contre le gouvernement d’al-Sissi.
À cet égard, plusieurs militants ont exhorté les citoyens à se mobiliser pour renverser le chef de l’État, descendant dans les rues du pays le 20 septembre prochain, coïncidant avec le premier anniversaire de la mobilisation commencée en 2019, qui a causé le plus vaste campagne d’arrestations depuis l’élection du président actuel . En particulier, c’est l’entrepreneur Mohamed Ali, qui a accusé en 2019 al-Sissi de corruption, qui a exhorté le peuple égyptien à se joindre à une nouvelle révolution pour sauver le pays, victime de l’oppression et de l’injustice.
La colère croissante de ces derniers jours s’explique par la démolition d’un grand nombre de maisons et de bâtiments, qui a contraint de nombreux égyptiens à fuir leurs maisons en raison du non-respect d’exigences spécifiques. Le gouvernorat de Dakhleya, par exemple, a signalé le déplacement de 1 200 maisons et l’évacuation de 3 700 familles. L’objectif du gouvernement al-Sissi est de mettre un terme à la construction illégale, phénomène qui, depuis les années 70 et 80, affecte principalement les zones rurales de diverses régions égyptiennes.
Pour cette raison, le président égyptien a publié, en janvier, une ordonnance par laquelle il a sanctionné la possibilité de trouver, dans un délai de six mois, un accord avec l’État qui autoriserait la construction dans des zones illégitimes, établissant en même temps la démolition de tous ces bâtiments construits illégalement et dont la légitimité n’a pas été prouvée, y compris de nombreuses maisons. La grande majorité des citoyens qui bénéficient de logements jugés abusifs appartiennent aux classes les plus pauvres, donc incapables de faire face aux coûts nécessaires pour éviter la démolition de leur logement, souvent égaux à 100% du prix de base du bien. Par ailleurs, le peuple égyptien s’est plaint à plusieurs reprises des difficultés liées à la procédure de réconciliation, compte tenu notamment du nombre de documents demandés.
Dans ce contexte, le 13 septembre, des dizaines de manifestants se sont rassemblés dans le quartier d’Al-Duwayqa, dans la capitale, pour protester contre le manque de compensation suite à la démolition de leurs maisons délabrées. Jusqu’au matin du lendemain, les forces de sécurité ont fermé les voies d’accès à la zone et déclenché un état d’alerte, craignant une plus grande mobilisation. Dans ce cas, l’enlèvement des maisons et des bâtiments était justifié par le risque de glissements de terrain signalé depuis 2008. Cependant, la population n’a pas bénéficié d’un logement alternatif, les obligeant à vivre dans la rue.
Au-delà de la démolition de maisons, les citoyens égyptiens se plaignent d’un environnement économique de plus en plus dégradé et de violations persistantes des droits de l’homme, comme en témoigne l’arrestation d’écrivains, de journalistes et d’intellectuels qui expriment des idées contre le gouvernement. A la base du mécontentement se trouvent la hausse des prix des biens et services de base, les phénomènes de répression par les forces de sécurité, et le contrôle des médias, mégaphone de la seule voix des autres. Certains citoyens ont alors souligné l’incapacité du chef de l’Etat à gérer le dossier relatif au barrage africain, mettant en péril l’avenir des ressources en eau égyptiennes, ainsi que la question des ressources gazières en Méditerranée orientale.