L’ancien Premier ministre malien, Choguel Kokalla Maïga, a été inculpé puis écroué mardi à Bamako pour « atteinte aux biens publics, faux et usage de faux », a-t-on appris de sources judiciaires.
Nommé en 2021 par la junte dirigée par le colonel Assimi Goïta, M. Maïga avait été limogé fin 2024 après avoir critiqué publiquement le fonctionnement du régime militaire, notamment son refus de céder le pouvoir à des civils élus comme il s’y était engagé.
Selon l’accusation, des audits réalisés début 2025 ont révélé des détournements et des malversations financières impliquant l’ancien Premier ministre et plusieurs de ses proches collaborateurs. Huit d’entre eux ont également été arrêtés et entendus par la chambre d’instruction de la Cour suprême.
Son avocat, maître Cheick Oumar Konaré, dénonce une procédure politique : « Nous croyons en la justice, nous sommes sereins dans l’attente du procès. » L’intéressé, de son côté, affirme avoir été pris pour cible en raison de ses critiques envers la junte : « Un homme politique doit s’attendre à tout, y compris la prison et la mort », a-t-il déclaré après son incarcération.
Cette affaire survient dans un climat politique tendu. Les autorités maliennes ont récemment procédé à l’arrestation de dizaines de militaires accusés de vouloir renverser le régime, avec le soutien présumé de puissances étrangères. Un ressortissant français soupçonné de travailler pour les services de renseignement a également été interpellé.
Depuis le coup d’État de 2020, le Mali traverse une crise multidimensionnelle : instabilité sécuritaire liée aux groupes jihadistes affiliés à Al-Qaïda et à l’État islamique, tensions politiques internes, effondrement économique et rupture avec une partie de la communauté internationale.
La junte, qui s’était engagée à organiser des élections en mars 2024, a finalement prorogé le mandat du colonel Goïta pour cinq années supplémentaires, renouvelables indéfiniment. Une décision qui consacre la dérive autoritaire du régime et alimente les soupçons de règlement de comptes derrière l’incarcération de Choguel Maïga.