Le chef du Parti conservateur du Canada, Pierre Poilievre, a officiellement repris place à la Chambre des communes après sa victoire nette lors de l’élection partielle dans la circonscription de Battle River–Crowfoot, en Alberta. Avec près de 80 % des suffrages, il retrouve son rôle de chef de l’opposition après une absence de quatre mois consécutive à sa défaite surprise lors des législatives d’avril.
Cette circonscription rurale et très conservatrice lui a offert un retour sur mesure. Damien Kurek, député sortant, avait volontairement démissionné pour permettre à Poilievre de se représenter. Le leader conservateur n’a pas manqué de remercier les électeurs de cette région lors d’un discours de victoire à Camrose :« Apprendre à connaître les gens de cette région a été le privilège de ma vie », a-t-il déclaré, entouré de sa famille.
Depuis sa défaite en avril dans sa circonscription d’Ottawa qu’il détenait depuis vingt ans, Poilievre était privé de tribune officielle. Son absence de la Chambre des communes l’empêchait de s’opposer directement au Premier ministre Mark Carney lors de la période des questions, réduisant sa visibilité nationale et son autorité au sein du parti.
Le retour de Poilievre au Parlement est donc une étape indispensable pour relancer sa carrière politique. Mais cette victoire ne suffit pas à elle seule à dissiper les doutes. La marge, bien que large, est moins écrasante que celle obtenue par Damien Kurek en avril, signe d’un léger tassement du soutien conservateur même dans un bastion acquis.
Plusieurs analystes estiment qu’il doit désormais modérer son discours s’il veut espérer séduire au-delà de sa base conservatrice.
plus de 200 candidats figuraient sur le bulletin, pour la plupart membres d’un collectif militant pour une réforme électorale. Ce « bulletin de vote le plus long » a forcé Élections Canada à recourir au vote par correspondance, une première dans ce type de scrutin.
En janvier prochain, les députés conservateurs devront réévaluer son leadership. Certains commencent à s’interroger sur sa capacité à fédérer un électorat plus large, notamment dans les grandes villes et les provinces de l’Est.
« Pour nous ce sera Canada First », a-t-il affirmé dans son discours, promettant de défendre les travailleurs, les agriculteurs, les libertés individuelles et un système d’immigration « sous contrôle ».
Reste à savoir si ce message, très ancré à droite, suffira à reconquérir la dynamique nationale qu’il avait avant avril. Sa réélection marque une étape nécessaire, mais elle ouvre surtout une période de fortes attentes et de surveillance accrue au sein même de son propre camp.