L’Algérie a refoulé près de 20 000 migrants vers le Niger depuis janvier, selon une ONG, qui dénonce des méthodes « brutales » et des conditions inhumaines.
Depuis janvier 2024, près de 20 000 migrants, dont des femmes et des enfants, ont été expulsés d’Algérie vers le Niger, selon l’ONG Alarme Phone Sahara. Cette organisation, active dans le sauvetage de migrants dans le désert entre les deux pays, a révélé que ces expulsions se sont déroulées dans des conditions particulièrement dures et souvent dangereuses.
L’ONG rapporte que les migrants sont arrêtés lors de rafles menées dans les villes, à leur domicile ou sur leur lieu de travail, puis rassemblés à Tamanrasset, au sud de l’Algérie. De là, ils sont transportés vers le Niger dans des camions, avec une partie d’entre eux abandonnée à « point zéro », une zone désertique à la frontière entre les deux pays. Ceux-ci doivent parcourir à pied 15 kilomètres sous des températures extrêmes pour atteindre Assamakka, le premier village nigérien.
Les migrants provenant du Niger sont directement transférés à Assamakka, où ils sont accueillis par les autorités locales, tandis que ceux d’autres nationalités doivent faire face à des conditions encore plus précaires. Une fois à Assamakka, les migrants sont hébergés dans des centres de transit administrés par l’ONU et l’Italie, avant d’être déplacés vers des centres à Arlit et Agadez.
Alarme Phone Sahara recueille de nombreux témoignages d’abus, de violences et de confiscation de biens par les forces algériennes. Les conditions d’expulsion sont décrites comme extrêmement sévères, avec des conséquences parfois mortelles pour les migrants. Les autorités militaires nigériennes ont exprimé leur préoccupation en avril dernier, convoquant l’ambassadeur d’Algérie à Niamey pour protester contre la brutalité des opérations.
En réponse aux accusations, Alger a convoqué l’ambassadeur du Niger, qualifiant les allégations de « sans fondement ». Cette confrontation souligne les tensions croissantes entre les deux pays concernant la gestion des flux migratoires et les droits des migrants.
Les méthodes d’expulsion mises en œuvre par l’Algérie ont suscité une réaction internationale et un appel urgent à réévaluer les pratiques en matière de gestion migratoire. Les conditions de refoulement brutales et les abus rapportés illustrent la nécessité de réformes pour garantir un traitement humain et respectueux des droits fondamentaux des migrants.