Viens, cher citoyen misérable, et laisse de côté les balivernes de ton oncle Tebboune pour que je te raconte des histoires de privation affective et d’abandon du foyer conjugal en Algérie. Dans l’un des quartiers calmes de la capitale, précisément dans la zone de Bab Ezzouar à l’est, vit une femme brune dans la trentaine, envahie par la tristesse qui se lit dans ses yeux noisette teintés de vert. Sa beauté, son succès dans tous les domaines et ses efforts pour satisfaire son mari ne lui ont pas permis de goûter au bonheur conjugal. Elle vivait prisonnière, bien qu’elle fût responsable de subvenir aux besoins de la famille, car son mari était sans emploi et incapable de lui apporter le moindre bonheur.
Nassima nous raconte son histoire avec amertume et dit d’une voix douce et basse : « Au début, il me paraissait être quelqu’un de gentil, aimable, attentionné, et surtout responsable. Mais il s’est avéré qu’il avait une double personnalité, cachant sa vraie nature : il consommait de la drogue, était violent à tous égards, cherchait toujours à provoquer des problèmes, ne contribuait pas aux dépenses du foyer, et ne me donnait même pas mes droits conjugaux. Combien de nuits ai-je veillé seule, dans le froid, en attendant son retour, en vain. Tout ce qu’il voulait, c’était s’accaparer de mon salaire, et si je m’opposais à lui sur quoi que ce soit, il provoquait une dispute, commençait à me battre et à me maltraiter juste pour me renvoyer chez mes parents en pleurs et accablée… » Nassima continue, dans un état déplorable, ravagée par les blessures profondes que son mari – ou plutôt son ex-mari – a laissées dans son cœur et sur son corps : « Mon calvaire a duré plus d’un an. Chaque fois, je m’injectais une dose d’espoir, mais la lumière s’est éteinte à la fin, lorsque notre relation est devenue froide, sans amour ni vie, uniquement des querelles et de la violence physique et psychologique. J’ai alors décidé de fuir, de sauver mon corps et mon âme avant de tomber dans le péché et la corruption, et j’ai choisi de demander le divorce, car il était incapable de prendre ses responsabilités en tant qu’époux, et sa présence comme son absence n’avait plus aucun sens. » Nassima est retournée chez son père après deux ans de ce mariage raté, plus triste et plus faible que jamais, semblant avoir vécu des dizaines d’années dans ce mariage qu’elle qualifie de « l’erreur de sa vie. »
Le cas de Nassima est l’un des centaines de milliers de divorces que connaît le pays ces dernières années. Avec eux viennent les récits des femmes et des enfants qui racontent leur misère sur des feuilles blanches. Les chiffres du divorce et du khul’ ont atteint des niveaux records, jamais vus auparavant, avec plus de 30 000 cas de khul’ contre 65 000 cas de divorce en seulement six mois de cette année. Le ministère de la Justice a révélé que les cas de divorce s’élevaient à 132 000 l’année dernière, soulignant que le khul’ est devenu un phénomène de plus en plus répandu dans la société. Les raisons de cette augmentation des divorces et des khul’ varient, révélant des transformations négatives et dangereuses affectant le modèle du mariage et de la famille dans la société. Le chef des imams, Djelloul Hadjimi, attribue cela à la facilité d’obtenir un divorce, contrairement aux sociétés non musulmanes. En ce qui concerne le khul’, il est nécessaire de revoir ses procédures, précisant que les problèmes majeurs sont l’impuissance sexuelle, la froideur émotionnelle, le logement, le chômage, et l’impact des drogues. Comment peut-on attendre d’un citoyen simple et impuissant qu’il sauve sa femme et la rende heureuse, alors qu’il est incapable de libérer l’Algérie et de la délivrer de la mainmise de la junte militaire ? Impossible.