L’appel lancé par l’Union africaine (UA) pour une cessation immédiate des hostilités à El-Facher, une ville stratégique du sud-ouest du Soudan, illustre une tentative désespérée d’influencer un conflit qui semble hors de contrôle. Depuis avril 2023, la guerre civile entre l’armée soudanaise, dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane, et les Forces de soutien rapide (FSR), sous le commandement de Mohamed Hamdane Daglo, s’intensifie, plongeant le pays dans une spirale de violences sans fin. Cette guerre, qui oppose les deux factions principales du pouvoir militaire soudanais, a laissé la population civile en première ligne, piégée dans un conflit où les enjeux de pouvoir prennent le pas sur les considérations humanitaires.
La déclaration de Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’UA, condamnant fermement l’escalade de la violence, reflète une condamnation souvent répétée mais rarement suivie d’effets concrets. La ville d’El-Facher, dernière capitale régionale à échapper au contrôle des FSR, est aujourd’hui au bord du gouffre, alors que la population fait face à des violences massives et à une situation humanitaire catastrophique. Les risques de massacres à grande échelle, dénoncés par l’ONU, ne semblent pourtant pas suffire pour déclencher une action internationale d’envergure.
Depuis mai, la ville est assiégée par les FSR, et les récentes offensives n’ont fait qu’aggraver une crise déjà insoutenable. Les témoignages des ONG, telles que Médecins sans frontières, font état de centaines de morts ces derniers mois, tandis que les deux parties en conflit sont accusées de crimes de guerre. Pourtant, malgré l’horreur des chiffres – l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) parle d’au moins 20 000 morts, certaines sources avançant même jusqu’à 150 000 victimes – la réaction internationale reste timide, limitée à des appels et des condamnations verbales.
Cette inaction face à l’ampleur de la catastrophe humanitaire au Soudan soulève des questions cruciales. Pourquoi la communauté internationale, malgré les alertes répétées, tarde-t-elle à intervenir de manière significative pour stopper les violences ? Plus de 10 millions de personnes ont été déplacées par le conflit, créant une crise humanitaire sans précédent. Pourtant, au lieu d’une réponse coordonnée et efficace, on observe une paralysie diplomatique, qui laisse les civils soudanais à la merci des armes.
Au cœur de ce drame, l’Union africaine, bien qu’elle joue un rôle important dans la médiation des conflits sur le continent, peine à mobiliser des actions concrètes pour contraindre les belligérants à déposer les armes. La question de la crédibilité des organisations régionales et internationales est ainsi posée. Sans un effort concerté pour rétablir la paix et apporter une aide humanitaire massive, le Soudan risque de sombrer dans un chaos irréversible.