La Turquie a exprimé son inquiétude face aux transferts massifs de Kurdes en provenance des régions d’Erbil et de Souleimaniyeh vers la province de Kirkouk, en amont du premier recensement national en Irak depuis 37 ans. Ce déplacement de populations soulève des tensions ethniques et politiques dans une région déjà marquée par des divisions historiques.
Le ministère turc des Affaires étrangères, par la voix d’Uncu Kechli, a dénoncé une manipulation visant à modifier la composition démographique de Kirkouk. Selon lui, cette situation pourrait affecter les élections futures dans la province et mettre en péril l’équilibre entre ses composantes ethniques, notamment les Turkmènes, les Kurdes et les Arabes.
« Nous attendons des autorités irakiennes qu’elles protègent les Turkmènes, victimes de nombreuses persécutions dans le passé », a déclaré Kechli.
Hassan Turan, chef du Front turkmène irakien, a affirmé que 260 000 personnes avaient été transférées à Kirkouk et inscrites dans les registres de la ville. Ces mouvements, selon lui, visent à affaiblir la présence turkmène dans cette région stratégique. Il demande un report de l’annonce des résultats du recensement et appelle à s’appuyer sur les données démographiques historiques de 1957 pour évaluer la situation.
Le recensement, organisé les 20 et 21 novembre avec plus de 120 000 agents, a été réalisé sous couvre-feu et sans inclure de questions sur l’appartenance ethnique ou religieuse, dans le but d’éviter de raviver les divisions communautaires. Cependant, cette neutralité apparente n’a pas suffi à apaiser les inquiétudes des différentes communautés.
Kirkouk, riche en ressources pétrolières, est depuis longtemps au cœur des rivalités entre Kurdes, Turkmènes et Arabes. La Turquie considère la protection des Turkmènes comme un pilier de ses relations avec l’Irak et craint que cette crise démographique ne fragilise davantage la stabilité régionale.
Alors que Bagdad tente de mener ce recensement dans un climat apaisé, la pression monte de toutes parts. La gestion de ces transferts de population et la transparence des résultats seront cruciales pour éviter une escalade des tensions dans cette région clé du Moyen-Orient.