La disparition de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, âgé de 75 ans, après son interpellation quelques minutes après avoir quitté l’aéroport d’Alger, a ravivé les tensions déjà tendues entre Paris et Alger, illustrant une fois de plus les relations tumultueuses entre les deux nations. L’écrivain, connu pour ses positions critiques envers le régime algérien, se retrouve au cœur d’un affrontement diplomatique qui reflète les relations souvent chaotiques entre les deux pays.
Récemment naturalisé français, Boualem Sansal a été arrêté peu après son arrivée à Alger. Selon des sources locales, il serait actuellement détenu à Dar El Beida, en attente d’une convocation devant le procureur. Les accusations restent floues, mais des rumeurs évoquent une possible charge d’« atteinte à l’unité nationale ». Ce chef d’accusation, fréquemment utilisé pour réprimer les voix dissidentes, illustre le climat de restriction des libertés dans le pays.
Boualem Sansal est un écrivain salué à l’international pour son œuvre 2084 : La fin du monde, lauréat du Grand Prix du Roman de l’Académie française. Ses prises de position courageuses lui ont valu des soutiens à l’étranger, notamment en France, mais aussi des accusations de trahison en Algérie, où son œuvre est parfois perçue comme provocatrice.
L’affaire a suscité une vive réaction en France. Le président Emmanuel Macron a exprimé sa « profonde préoccupation », demandant des éclaircissements à Alger. Plusieurs responsables politiques français ont dénoncé une atteinte grave à la liberté d’expression. Tandis qu’Édouard Philippe a salué Sansal comme un « défenseur des valeurs humanistes », Marine Le Pen l’a décrit comme un « combattant de la liberté ».
Ce cas s’inscrit dans un contexte de durcissement envers les intellectuels critiques en Algérie. Kamel Daoud, un autre écrivain franco-algérien, fait également face à des attaques pour son dernier roman Houris. Ces affaires témoignent des restrictions croissantes imposées à la liberté intellectuelle dans le pays.
Au-delà de l’incident diplomatique, cette affaire révèle un problème de fond : l’incapacité du régime algérien à accepter la diversité des opinions et à engager un véritable dialogue avec ses intellectuels et ses citoyens. En choisissant de persécuter des voix comme celles de Boualem Sansal, l’Algérie s’isole davantage, privilégiant la répression à la liberté d’expression.
Dans un contexte où le régime algérien s’enferme dans une logique de contrôle absolu, l’affaire Boualem Sansal est un cri de détresse pour la liberté d’expression et les droits de l’homme.