Les prix du pétrole ont connu une hausse significative lundi sur les marchés asiatiques, stimulés par l’annonce de nouvelles sanctions commerciales imposées par les États-Unis au Canada, au Mexique et à la Chine. Ces mesures ont soulevé des inquiétudes quant aux perturbations potentielles de l’approvisionnement, en particulier en provenance de deux fournisseurs majeurs de pétrole brut. Cependant, la perspective d’une baisse de la demande mondiale a tempéré cette flambée des prix.
le West Texas Intermediate (WTI), indice de référence du pétrole américain, a progressé de 1,36 dollar, soit une hausse de 1,9 %, atteignant 73,89 dollars le baril. En début de séance, il avait même franchi la barre des 75,18 dollars, un sommet inédit depuis le 24 janvier. De son côté, le Brent, référence mondiale, a gagné 67 cents (+0,9 %) pour s’établir à 76,34 dollars le baril, après un pic à 77 dollars.
Le président américain Donald Trump a ordonné l’application de nouveaux droits de douane sur les importations de plusieurs partenaires commerciaux clés, accentuant ainsi la guerre commerciale en cours. Les produits énergétiques en provenance du Canada seront soumis à une taxe de 10 %, tandis que les importations d’énergie en provenance du Mexique feront face à une taxe plus lourde de 25 %.
« La position plus clémente des États-Unis vis-à-vis du Canada traduit une certaine prudence », estime Amarpreet Singh, analyste chez Barclays. Selon lui, une taxe plus élevée sur l’énergie canadienne risquerait de déséquilibrer davantage le marché intérieur et d’aller à la rencontre de l’objectif de l’administration Trump, qui vise à réduire les coûts énergétiques.
Toutefois, les analystes de Goldman Sachs jugent que l’impact immédiat de ces mesures sur les prix mondiaux du pétrole et du gaz reste limité. La réduction des importations de gaz naturel en provenance du Canada ne devrait pas entraîner une flambée des prix du gaz aux États-Unis, affirment-ils.
D’après le ministère américain de l’Énergie, le Canada et le Mexique comptent parmi les principaux fournisseurs de pétrole brut aux États-Unis, couvrant l’ensemble environ 25 % des besoins des raffineries américaines. Or, toute restriction sur ces importations pourrait affecter la production de carburants comme l’essence et le fioul domestique.
Des sources industrielles s’inquiètent également du renchérissement des qualités de pétrole lourd, essentielles pour les raffineries américaines. Une augmentation du coût de ces matières premières pourrait réduire la rentabilité du secteur et entraîner une contraction de la production.
Parallèlement, les contrats à terme sur l’essence aux États-Unis ont grimpé de 2,86 %, atteignant 2,1176 dollars le gallon, un niveau inédit depuis le 16 janvier.
« À court terme, les tarifs douaniers constituent un facteur de hausse pour les prix du pétrole en raison des risques de perturbation de l’approvisionnement, notamment pour les pétroles lourds », analyse Saul Kavnik, expert en énergie chez MST Markey.
Cependant, cette tendance pourrait s’inverser dans les mois à venir. La mise en place de ces barrières commerciales risque en effet de peser sur la croissance mondiale et, par conséquent, de freiner la demande énergétique. De plus, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés (OPEP+) subissent une pression croissante de la part de l’administration Trump pour alléger leurs restrictions de production.
Malgré cette pression, les représentants de l’OPEP+ ont indiqué à Reuters qu’ils ne comptaient pas modifier leur stratégie actuelle d’augmentation progressive de l’offre lors de leur réunion prévue lundi.