Dans une ambiance empreinte d’émotion, un déjeuner collectif s’est tenu au cœur de la maison de retraite d’Oum El Bouaghi, loin des fastes des banquets ordinaires. Organisé au sein d’une institution dédiée aux personnes âgées abandonnées par leurs familles, cet événement a réuni des âmes marquées par la solitude et le dénuement. Ces seniors, laissés pour compte par leurs enfants, coupés de tout lien familial, ont trouvé refuge dans cet établissement qui s’efforce de leur offrir un semblant de chaleur humaine pour pallier l’absence de leurs proches, la perte de leur santé et l’évanouissement de leur jeunesse. Leurs regards, errant dans l’espace et le temps, trahissent des sourires ternes, témoins muets de la douleur infligée par l’ingratitude de leurs descendants.
Arrivés une demi-heure avant le repas, nous avons découvert une initiative poignante : l’institution a choisi d’associer à ce moment des dizaines d’enfants abandonnés, qualifiés d’« illégitimes », nés de relations hors mariage. La scène, déjà lourde de tristesse, s’est teintée d’une douleur plus profonde. D’un côté, des aînés délaissés par leurs propres enfants ; de l’autre, des enfants aux traits parfois étrangers, rejetés par leurs mères après que des visiteurs ou touristes, ayant cédé à la débauche, les ont abandonnés. En Algérie, une nouvelle réalité émerge : des générations d’enfants sans père identifié, issus d’une mère algérienne et de pères de toutes origines, venus des quatre coins du globe. Ces enfants, aux couleurs et traits variés – blancs, roux, noirs, ou asiatiques – incarnent les stigmates d’un tourisme sans scrupules, présent à toute occasion.
Le rôle des associations et des bénévoles s’est révélé crucial. Leur engagement désintéressé, loin des projecteurs, vise à apporter un peu de réconfort à ces oubliés de la société. Fuyant les caméras, ces volontaires, hommes et femmes, confient à demi-mot leur seule motivation : soulager la peine de ces personnes âgées et de ces enfants marginalisés, rejetés tant par la société que par les autorités. Leur action, discrète mais essentielle, redonne une lueur d’espoir à ceux que la vie a durement éprouvés.