Le 26 avril 2025, Mahmoud Abbas, âgé de 89 ans et à la tête de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) depuis 2004, a fait un geste significatif en annonçant la nomination de Hussein al-Cheikh au poste de vice-président de l’OLP, un poste nouvellement créé. Si cette nomination soulève des interrogations, elle marque surtout une étape importante dans la préparation de la succession à la tête de la Palestine. Le vice-président désigné pourrait en effet être appelé à diriger l’Autorité palestinienne à la suite de Mahmoud Abbas, ouvrant ainsi une nouvelle ère politique pour le peuple palestinien.
Hussein al-Cheikh, figure influente du mouvement Fatah et proche de Mahmoud Abbas, incarne à la fois la continuité et la stabilité du leadership palestinien. Ancien prisonnier politique, il a occupé divers rôles au sein de l’OLP et de l’Autorité palestinienne, notamment en tant que secrétaire général du Comité exécutif de l’OLP et responsable des négociations. Son parcours en fait un homme de confiance, mais sa nomination n’est pas sans susciter de vives réactions, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de la Palestine.
Le président Abbas, qui s’est emparé du leadership palestinien après la mort de Yasser Arafat en 2004, semble avoir vu dans cette création de poste une nécessité. En effet, il avait exprimé son intention de mettre en place ce rôle de vice-président dès mars 2025, lors d’un sommet au Caire sur la situation à Gaza, dans un contexte où les pressions internationales pour une réforme de l’OLP se multiplient. Si certains saluent cette démarche comme un signe de réforme, d’autres y voient un mouvement stratégique de la part de Mahmoud Abbas pour garantir une transition fluide du pouvoir.
La question de la succession au sein de l’OLP et de l’Autorité palestinienne est une épine dorsale de la politique palestinienne, dont l’issue pourrait avoir des conséquences majeures pour l’avenir du processus de paix israélo-palestinien. Depuis plus de deux décennies, Mahmoud Abbas dirige sans avoir organisé de nouvelles élections présidentielles. La création du poste de vice-président semble donc être une réponse à cette vacuité politique, en plus d’un moyen d’assurer une transition pacifique du pouvoir.
Les partisans de cette décision estiment que la nomination de Hussein al-Cheikh représente une solution pragmatique pour garantir une stabilité politique à la Palestine. Cependant, cette nomination intervient dans un contexte de tensions internes au sein des factions palestiniennes, notamment avec le mouvement islamiste Hamas, qui contrôle la bande de Gaza depuis 2007. Bien que l’OLP ait pour mission de rassembler les principales factions palestiniennes, la fracture entre le Hamas et le Fatah demeure un obstacle majeur à l’unité politique palestinienne.
La nomination de Hussein al-Cheikh comme vice-président de l’OLP n’a pas été accueillie sans opposition. Plusieurs factions palestiniennes, notamment celles proches du Hamas et du Jihad islamique, ont critiqué cette démarche, estimant qu’il s’agissait d’une manœuvre pour renforcer la mainmise du Fatah sur le mouvement national palestinien. Certains observateurs vont même plus loin, dénonçant une ingérence étrangère dans les affaires internes palestiniennes, particulièrement en raison du soutien de pays comme l’Arabie Saoudite à cette réforme.
D’autres, comme Hani al-Masri, chercheur au Centre palestinien de recherche politique, expliquent que la création de ce poste pourrait en réalité masquer une volonté de Mahmoud Abbas de centraliser encore davantage les pouvoirs. La nomination de Hussein al-Cheikh à un poste clé au sein de l’OLP pourrait effectivement être perçue comme une tentative de donner l’illusion d’une démocratie ouverte, tout en maintenant le contrôle absolu sur les affaires palestiniennes.
La communauté internationale a également pris position sur cette nomination. Le ministère saoudien des Affaires étrangères a salué la création du poste de vice-président comme un moyen de renforcer les efforts palestiniens pour parvenir à un État indépendant avec les frontières de 1967 et Jérusalem-Est comme capitale. Cette reconnaissance internationale pourrait offrir une légitimité supplémentaire à la Palestine, mais également souligner les contradictions internes de la direction palestinienne. En effet, la nécessité d’une réforme de l’OLP est un message souvent envoyé par les puissances internationales, mais la mise en œuvre de ces réformes reste difficile à réaliser dans le contexte actuel de fragmentation politique.