Alors que l’OPEP+ traverse l’une de ses plus grandes turbulences depuis sa création, l’Algérie semble étrangement absente des débats stratégiques. Entre tensions internes, désaccords croissants et défections à peine voilées, la cohésion du cartel s’effrite… et Alger reste silencieuse.
Le cartel pétrolier est plus fracturé que jamais. La récente annonce de possibles hausses de production dès le mois de juin, combinée au non-respect répété des quotas convenus par certains membres, remet sérieusement en question l’efficacité de la coordination au sein de l’OPEP+. Dans cette cacophonie, l’Algérie — autrefois voix respectée — semble réduite au rôle de figurante. Aucune initiative diplomatique, aucun positionnement clair, aucune prise de parole forte. La stratégie énergétique algérienne, pourtant vitale pour un pays aussi dépendant de la rente pétrolière, semble s’effacer dans le tumulte géopolitique.
La sortie fracassante du Kazakhstan, qui annonce vouloir s’affranchir des quotas pour protéger ses intérêts nationaux, aurait pu — aurait dû — provoquer un sursaut à Alger. Il n’en fut rien. Alors que des poids lourds comme l’Arabie saoudite ou les Émirats arabes unis manœuvrent activement pour maintenir un semblant d’unité, l’Algérie s’enferme dans une prudente inertie. Cette absence de réaction interroge : est-ce le signe d’un isolement croissant d’Alger au sein du cartel ? Ou la preuve d’une diplomatie énergétique en perte de vitesse, à court de vision ?
Le monde pétrolier évolue vite, les rapports de force se redessinent, les alliances se reconfigurent. Pourtant, l’Algérie persiste à jouer une partition d’un autre temps. Alors que l’OPEP+ vacille sous le poids des intérêts divergents et que les marchés réclament des signaux clairs, Alger reste figée.
L’inaction actuelle n’est pas sans conséquences. L’Algérie risque, à terme, d’être reléguée au second plan des discussions internes de l’OPEP+. Déjà affaiblie par l’absence d’une production compétitive et d’un rôle de médiateur, Alger pourrait perdre toute influence sur la fixation des quotas — un enjeu crucial pour une économie aussi vulnérable aux fluctuations du prix du baril.
En ne prenant pas part aux débats qui redéfinissent les règles du jeu pétrolier mondial, le pays abandonne peu à peu son statut de puissance énergétique régionale. Le risque est double : économique, car une Algérie marginalisée n’aura plus la capacité d’influencer les décisions qui affectent directement sa balance commerciale ; et géopolitique, car une voix affaiblie à l’OPEP+ signifie une voix affaiblie sur la scène internationale.
À l’heure où le cartel fait face à des défis majeurs — surproduction, instabilité des prix, désunion interne — l’Algérie, au lieu de s’imposer comme force de proposition, semble se contenter d’un rôle d’observateur silencieux. Une posture dangereuse, surtout pour une économie nationale qui reste désespérément dépendante de la bonne santé de l’OPEP+… et du prix du baril.