Après plusieurs jours marqués par la volatilité, les cours du pétrole ont connu une nette remontée, soutenus par un ensemble de facteurs géopolitiques et économiques. Le Brent a franchi de nouveau le seuil des 68 dollars, regagnant le sommet atteint jeudi dernier, selon l’analyste Carsten Fritsch de Commerzbank.
Cette hausse a été principalement stimulée par deux éléments : l’annonce de nouvelles sanctions américaines visant un réseau de transport maritime iranien, soupçonné de faciliter les exportations de brut malgré les restrictions, et une baisse plus importante que prévu des stocks de pétrole brut aux États-Unis, signalée par l’American Petroleum Institute (API).
Les États-Unis, qui avaient déjà ciblé les clients chinois du pétrole iranien, durcissent ainsi encore leur position, ce qui alimente les craintes de tensions sur l’offre mondiale. Parallèlement, l’espoir d’un apaisement des tensions commerciales entre Washington et Pékin – notamment à travers une éventuelle réduction des droits de douane américains – nourrit une certaine confiance sur la reprise de la demande.
Mais malgré cette embellie, les analystes restent prudents. Le marché reste plombé par le risque de surproduction. Le Kazakhstan a ainsi annoncé qu’il ne respecterait pas les quotas OPEP+ au nom de ses intérêts nationaux, mettant en péril l’unité du cartel. Le pays prévoit une montée en puissance de ses projets pétroliers, pilotés par des géants comme Chevron et ExxonMobil, ce qui pourrait accroître la pression sur les prix.
De plus, les dernières données de l’EIA (Energy Information Administration) font état d’un accroissement inattendu des stocks américains de brut, qui ajoute à l’incertitude. D’autres signaux négatifs incluent le ralentissement de l’activité économique américaine : l’indice PMI composite de S&P Global a chuté à un plus bas de 16 mois, tandis que l’optimisme des entreprises s’effrite face à la montée des prix et aux perspectives d’inflation.
Pour Commerzbank, cette hausse récente du pétrole ne devrait pas se poursuivre durablement. « Le potentiel de hausse semble limité à court terme », estime Carsten Fritsch, en raison d’un déséquilibre persistant entre offre et demande. Les spéculations sur une nouvelle hausse de production de 411 000 barils/jour par l’OPEP+ dès juin n’aident pas à stabiliser le marché.
Entre sanctions, tensions géopolitiques et données économiques moroses, le marché pétrolier reste sous tension. Les investisseurs guettent désormais les prochains chiffres officiels de l’EIA et l’évolution des négociations commerciales pour tenter d’y voir plus clair.