Le 25 avril 2025, la juge Hannah Dugan, figure respectée du tribunal de Milwaukee, dans le Wisconsin, a été arrêtée par le FBI pour entrave à l’arrestation d’un migrant clandestin. Cette affaire, révélée par Kash Patel, directeur du FBI, marque une escalation dans les tensions entre l’administration Trump et l’appareil judiciaire américain, suscitant une vague d’indignation, notamment parmi les démocrates.
Selon l’acte d’accusation, la juge Dugan, âgée de 65 ans, aurait intentionnellement détourné des agents de l’Immigration and Customs Enforcement (ICE) pour permettre à un migrant, visé par une arrestation dans son tribunal, de s’échapper. Kash Patel a annoncé l’arrestation sur X, avant que son message ne soit retiré, précisant que le migrant avait finalement été appréhendé après une poursuite à pied. La juge est poursuivie pour deux chefs d’accusation fédéraux : entrave à la justice et dissimulation d’individu.
L’arrestation, survenue à 8h30 dans l’enceinte même du tribunal, a été confirmée par une porte-parole du FBI. Mme Dugan a comparu brièvement devant un juge le jour même. Son avocat, cité par le Milwaukee Journal Sentinel, a dénoncé une arrestation motivée par des raisons politiques plutôt que par des impératifs de sécurité publique.
La ministre de la Justice, Pam Bondi, a défendu l’opération sur Fox News, lançant un avertissement clair : « Si vous protégez un fugitif, peu importe qui vous êtes, nous vous traquerons et nous vous poursuivrons en justice. ».
L’arrestation d’une juge en exercice, fait rare dans l’histoire américaine, a provoqué un tollé chez les démocrates. La sénatrice Tammy Baldwin, représentante du Wisconsin, a qualifié cette décision de « profondément grave et radicale », y voyant une menace directe à la séparation des pouvoirs, pilier de la démocratie américaine. Darren Soto, élu démocrate de Floride, a comparé l’événement aux pratiques d’un « dictateur d’un pays du tiers-monde ». Ces critiques font écho aux inquiétudes exprimées lors de la nomination controversée de Kash Patel à la tête du FBI, perçu par certains comme un instrument de vengeance politique au service de Trump.
Cette affaire s’inscrit dans un climat de confrontation croissante entre l’exécutif et le judiciaire. Récemment, deux juges ont dénoncé des manœuvres du gouvernement, accusé de dissimulation ou de mauvaise foi dans des affaires liées à la politique d’expulsions massives. L’arrestation de Hannah Dugan semble ainsi être un message adressé à l’ensemble du corps judiciaire : l’administration Trump ne tolérera pas d’obstacles à ses priorités, y compris de la part de juges.
Au-delà de l’incident lui-même, l’arrestation de la juge Dugan soulève des questions fondamentales sur l’indépendance de la justice et les limites du pouvoir exécutif. Les manifestations devant le palais de justice de Milwaukee, où des citoyens ont réclamé la libération de la magistrate, témoignent de l’émoi suscité par cette affaire. Alors que les démocrates dénoncent une dérive autoritaire, l’administration Trump, elle, revendique une lutte sans compromis contre l’immigration clandestine et ceux qui s’y opposent.
Ce nouvel épisode risque d’alimenter un débat déjà brûlant sur la politisation de la justice et les équilibres institutionnels aux États-Unis, dans un contexte où chaque décision semble creuser un peu plus le fossé entre les camps politiques.