L’économie algérienne traverse une période critique, oscillant entre une dépendance persistante aux hydrocarbures et la volonté affichée de diversification. Si des initiatives récentes, à l’instar du Forum d’affaires saoudo-algérien du 20 avril 2025, apportent un souffle de coopération nouvelle, elles peinent encore à masquer les failles structurelles d’un modèle économique en perte de vitesse.
Membre historique de l’OPEP, l’Algérie continue de tirer l’essentiel de ses ressources des exportations d’hydrocarbures. Or, cette manne devient de plus en plus instable. En avril 2025, la chute des cours mondiaux – le Brent à 66,99 dollars et le WTI à 63,72 dollars – illustre la vulnérabilité de l’économie nationale face à la volatilité des marchés énergétiques.
La récente décision de l’OPEP+ d’augmenter sa production de 411 000 barils/jour à partir de mai risque de renforcer cette pression à la baisse sur les prix, aggravant le déficit budgétaire algérien. L’impact est immédiat : recul des recettes publiques, gel de projets d’investissement, baisse de la capacité de l’État à financer la santé, l’éducation ou les subventions.
Pendant ce temps, les secteurs non pétroliers – agriculture, industrie, tourisme – restent embryonnaires. La diversification économique, si souvent annoncée, peine à prendre forme concrètement.
Le climat économique international n’arrange rien. L’escalade des tensions commerciales, notamment entre la Chine et les États-Unis, ralentit la croissance mondiale. Le recul du dollar et la chute des marchés asiatiques accroissent l’incertitude. L’Algérie, dépendante des exportations d’énergie, voit ses revenus fondre. Une récession américaine, désormais probable à 50 % selon les analystes, pourrait encore réduire la demande mondiale en pétrole.
Face à ces pressions, le gouvernement algérien tente d’agir. La nouvelle loi sur l’investissement, saluée par les partenaires saoudiens, constitue un progrès. Elle vise à rassurer les investisseurs étrangers par des garanties renforcées. Toutefois, sur le terrain, les lourdeurs bureaucratiques, la corruption persistante et l’instabilité réglementaire freinent encore les projets.
Le Forum d’affaires saoudo-algérien a certes permis la signature d’accords dans des domaines porteurs (agriculture, TIC, tourisme), mais leur mise en œuvre dépendra de la capacité de l’État à assainir son environnement économique et juridique.
Les répercussions économiques sur la population sont profondes. L’inflation galopante rogne le pouvoir d’achat. Le chômage des jeunes, proche de 30 % pour les moins de 25 ans, sape les perspectives d’avenir. Les subventions, essentielles pour maintenir la paix sociale, deviennent un fardeau financier de plus en plus insoutenable. Le risque d’instabilité sociale est réel.
Dans ce contexte morose, la dynamique enclenchée avec l’Arabie saoudite peut-elle représenter une voie de salut ? Le forum du 20 avril a montré une volonté partagée de créer des synergies dans des secteurs non liés aux hydrocarbures. Les échanges bilatéraux, déjà proches d’un milliard de dollars, pourraient croître avec des partenariats solides dans l’agroalimentaire, la logistique ou encore l’innovation numérique.
Mais pour que cette coopération soit un levier réel, l’Algérie devra aller au-delà de la simple diplomatie économique. Il faudra garantir sécurité juridique, transparence et efficacité administrative.