Il n’avait plus qu’une opportunité pour sauver sa saison. Une dernière scène pour rappeler au monde qu’il comptait encore. Mais ce soir-là, en quart de finale de la Coupe du Qatar, Yacine Brahimi, l’ancien capitaine des Verts, a manqué son rendez-vous avec l’histoire. Son penalty raté contre Al-Duhail (4-3) n’a pas simplement scellé l’élimination d’Al-Gharafa : il a marqué, d’un trait cruel, la fin d’un chapitre glorieux… et précipité son équipe dans un véritable cauchemar.
Pendant 120 minutes, Al-Gharafa a lutté. Une bataille âpre, crispée, où les deux camps se sont neutralisés. Mais plus le temps passait, plus l’équipe semblait suspendue au sursaut de son maître à jouer. Brahimi, pourtant attendu comme le sauveur, n’a jamais réussi à trouver la clé. Plus d’inspiration, plus de fulgurance. Juste une silhouette nostalgique, incapable de renverser le cours d’un match figé. Les siens, usés, tenaient encore debout, espérant un éclair, une magie… en vain.
Et puis est venue la séance de tirs au but. Une loterie, dit-on, mais aussi un miroir cruel. Al-Gharafa avait encore toutes ses chances. Jusqu’à ce cinquième tir. Le moment de vérité. Le ballon de la survie. Brahimi s’avance, le poids de tout un collectif sur les épaules. Sa frappe s’envole, au-dessus de la barre, comme une gifle pour ses coéquipiers qui s’écroulent, foudroyés. Ce n’est pas qu’un penalty raté : c’est un cataclysme.
Ce geste, manqué, incarne plus qu’une simple faute technique. C’est l’image d’un homme qui vacille, et d’un groupe qui s’effondre avec lui. Jadis meneur flamboyant, Brahimi n’a plus l’impact ni la lucidité des grands soirs. Le cauchemar d’Al-Gharafa, figé dans ce tir mal ajusté, rappelle une vérité impitoyable : quand votre leader flanche, toute l’équipe plonge.
Pour les supporters algériens, c’est un crève-cœur. Brahimi, héros de la CAN 2015 et technicien admiré, n’échappe pas à la dure loi du sport : celle qui juge le présent, pas les souvenirs. À 34 ans, il est au pied du mur : se réinventer, accepter un rôle moindre, ou disparaître dans l’ombre. Ce penalty raté n’est pas seulement un échec sportif : c’est un signal d’alarme, un séisme émotionnel pour un club, un vestiaire, et tout un public.
L’histoire n’est pas encore totalement écrite. Mais le temps, lui, ne fait pas de cadeau. À Brahimi de décider s’il veut encore porter les siens… ou céder à l’évidence d’un crépuscule annoncé.