L’Algérienne Imane Khelif, championne olympique de boxe aux Jeux de Paris 2024, se retrouve au cœur d’une nouvelle controverse. La boxeuse de 26 ans a saisi le Tribunal arbitral du sport (TAS) pour contester la réglementation imposée par World Boxing, qui oblige les athlètes féminines à subir des tests génétiques pour pouvoir participer aux compétitions internationales.
Selon le TAS, Khelif conteste spécifiquement l’interdiction qui lui a été imposée de concourir sans passer un test chromosomique, mesure appliquée dès le tournoi d’Eindhoven en juin dernier. Elle demande l’annulation de cette décision et souhaite pouvoir participer aux Championnats du monde de Liverpool sans avoir à subir ce test. Toutefois, cette requête a peu de chances d’aboutir : le TAS a refusé de suspendre l’application de la réglementation en attendant l’audience, formée le 5 août dernier.
Cette affaire relance un débat sensible sur la détermination du sexe dans le sport féminin. World Boxing, à l’instar de certaines fédérations d’athlétisme et de natation, propose de conditionner la participation à la catégorie féminine à l’absence du gène SRY, situé sur le chromosome Y et considéré comme un marqueur de masculinité. Cette méthode, présentée comme simple et objective par ses promoteurs, pourrait exclure non seulement les athlètes transgenres, mais également certaines femmes porteuses de chromosomes XY, relevant de conditions médicales comme les différences de développement sexuel (DDS) ou intersexuation.
Khelif n’en est pas à sa première épreuve. Aux Jeux de Paris, elle avait été victime d’attaques virulentes et d’une campagne de désinformation, tout comme la Taïwanaise Lin Yu-ting, certains médias la présentant abusivement comme un « homme combattant des femmes ». Malgré cette pression médiatique, Imane Khelif avait triomphé en finale des -66 kg, offrant à l’Algérie sa première médaille olympique en boxe féminine.
L’affaire Khelif constituera sans doute un précédent juridique majeur, elle offre au TAS l’occasion de trancher sur la légitimité et l’éthique des tests génétiques pour définir le sexe des athlètes, un débat qui secoue le sport mondial depuis les années 1960, lorsque des mesures similaires avaient été instaurées aux Jeux Olympiques, avant d’être abandonnées en 1996.
Pour Imane Khelif, cette bataille dépasse le simple cadre sportif : il s’agit de défendre son droit de concourir sur le ring en tant que femme, face à une réglementation qui pourrait bouleverser l’accès de nombreuses athlètes à leur discipline. L’issue de cette affaire pourrait bien influencer l’avenir du sport féminin à l’échelle internationale.