Les cours du pétrole reculent depuis trois jours, pris entre l’ombre d’une offre excédentaire et des signaux géopolitiques contradictoires. À la veille de la réunion de l’OPEP+ prévue dimanche, les opérateurs scrutent chaque indice susceptible d’orienter le marché.
Vendredi matin, le Brent de la mer du Nord pour livraison en novembre s’échangeait à 66,96 dollars le baril (-0,04 %), tandis que le West Texas Intermediate (WTI) cédait 0,11 % à 63,41 dollars. Une tendance baissière s’installe : depuis fin août, les prix fluctuent autour des 63 dollars, sous l’effet combiné de l’augmentation inattendue des stocks américains et des spéculations sur une révision des quotas de production.
Selon plusieurs analystes, la coalition pourrait décider d’augmenter prématurément sa production dès octobre, annulant une partie des réductions engagées depuis 2023, soit environ 1,65 million de barils par jour (1,6 % de la demande mondiale). Cette hypothèse, jugée crédible à 40 %, inquiète les marchés, même si le vice-Premier ministre russe, Alexander Novak, a assuré qu’aucune décision n’était prise.
Pour Moscou, l’équation est complexe : conserver des prix élevés reste vital pour financer son effort de guerre en Ukraine, mais les sanctions internationales et les frappes ukrainiennes contre ses infrastructures énergétiques limitent ses capacités d’exportation.
La publication des données américaines a accentué la pression baissière : les réserves de brut ont progressé de 2,4 millions de barils en une semaine, alors que le marché anticipait une baisse de 2 millions. Cette hausse inattendue s’explique en partie par la maintenance saisonnière des raffineries, mais elle nourrit la crainte d’une offre excédentaire à court terme.
S’ajoute un facteur politique, Donald Trump a exhorté l’Europe à suspendre ses importations de pétrole russe. Une telle mesure, si elle se concrétisait, réduirait drastiquement les exportations de Moscou et pourrait contrebalancer les effets d’une hausse de production de l’OPEP+.
Sur le plan technique, les analystes identifient des supports à 62,50 et 61,80 dollars, tandis que les résistances se situent entre 64,20 et 65 dollars. La moyenne mobile à court terme évolue à la baisse, renforçant l’hypothèse d’un marché fragile.
le pétrole reste prisonnier d’un double bras de fer, d’un côté, l’anticipation d’une offre plus abondante pèse sur les cours ; de l’autre, les tensions géopolitiques maintiennent le spectre de chocs d’approvisionnement. Dans l’attente de la décision de l’OPEP+, la volatilité devrait rester la norme.