Une courte vidéo, filmée sur un téléphone portable et largement diffusée sur les réseaux sociaux, a déclenché une vive polémique en Iran. Elle montre le mariage somptueux de la fille d’Ali Shamkhani, influent conseiller du guide suprême Ali Khamenei, organisé dans un hôtel de luxe à Téhéran. Les femmes présentes, sans voile et vêtues de tenues décolletées, ont suscité l’indignation, en totale contradiction avec les strictes règles vestimentaires imposées par le régime. Ce contraste frappant entre faste ostentatoire et rigueur morale prônée pour le reste de la population révèle un double standard vivement critiqué.
Les médias réformateurs, tels que Fararu, ont dénoncé l’hypocrisie d’une élite qui s’affranchit des contraintes imposées aux citoyens ordinaires : « L’économie de résistance semble réservée aux opprimés, tandis que le luxe est l’apanage des puissants », ironise le journal. Même Kayhan, média ultraconservateur, critique l’événement, affirmant que « le luxe nuit à la solidarité sociale ». La controverse rappelle tragiquement le cas de Mahsa Amini, morte en 2022 après son arrestation pour « port de vêtements inappropriés », alors qu’Ali Shamkhani occupait un poste clé au Conseil suprême de sécurité nationale.
Au-delà du débat vestimentaire, l’affaire met en lumière des accusations de népotisme et de corruption. La famille Shamkhani est soupçonnée d’avoir profité des sanctions internationales, notamment dans le commerce pétrolier. En juillet 2024, les États-Unis ont sanctionné une flotte de cinquante navires appartenant à Hossein Shamkhani, fils d’Ali Shamkhani, renforçant l’image d’une élite enrichie tandis que la population subit les conséquences de la crise économique.
La diffusion tardive de la vidéo soulève des interrogations sur ses motivations. Kayhan évoque une « atteinte à la vie privée » orchestrée par des ennemis du régime, tandis qu’Ali Shamkhani pointe une possible implication d’Israël. Pour Iran International, média basé à Londres et critique du régime, la fuite révèle « le vrai visage du système » et pourrait refléter une lutte de pouvoir interne, dans un contexte où la succession d’Ali Khamenei reste incertaine.
Ce scandale dépasse le cadre d’une simple polémique sociale. Il expose les fractures d’un régime incapable de concilier son discours idéologique avec les pratiques de son élite. Alors que des milliers de femmes sont poursuivies pour des infractions mineures aux codes vestimentaires, l’impunité apparente des proches du pouvoir alimente la défiance populaire. Cette affaire pourrait raviver les tensions sociales dans un pays où la question des libertés individuelles et de l’égalité reste au cœur des débats.

























