Après trois séances consécutives de repli, les prix du pétrole ont connu jeudi 2 octobre un sursaut en Asie, stimulés par les spéculations entourant un possible durcissement des sanctions occidentales contre les exportations de brut russe. Le Brent a progressé de 0,57 % à 65,72 dollars le baril, tandis que le West Texas Intermediate (WTI) américain gagnait 0,55 %, atteignant 62,12 dollars.
Ce rebond reste toutefois modeste au regard de la correction récente : le Brent a perdu environ 7 % depuis le début de la semaine. Les investisseurs attendent désormais la réunion cruciale de l’alliance OPEP+ prévue dimanche, qui pourrait sceller une nouvelle augmentation de la production pour novembre, dans un contexte où l’excédent d’offre menace de s’aggraver.
Les données publiées par l’Agence américaine d’information sur l’énergie (EIA) mercredi ont accentué la prudence du marché : les stocks de brut ont augmenté pour la première fois en trois semaines, et les réserves d’essence ont bondi à leur plus haut niveau depuis juin, confirmant la faiblesse de la demande intérieure.
Si l’OPEP+ a déjà commencé à desserrer ses réductions de production, l’augmentation réelle reste inférieure aux objectifs fixés. Depuis avril, la hausse effective des volumes ne représente qu’environ 75 % des quotas décidés, en raison de contraintes techniques dans certains pays comme l’Algérie ou le Kazakhstan. Les retards de maintenance en Russie et à Oman pèsent également sur les capacités de production.
Cette sous-performance a paradoxalement soutenu les cours, alors même que les annonces officielles laissaient présager une pression baissière. Les marchés suivront donc avec attention non seulement les quotas décidés dimanche, mais aussi la capacité réelle des producteurs à livrer les volumes annoncés.
Autre point clé, la Chine, premier importateur mondial, a fortement contribué à stabiliser les prix en accumulant des stocks stratégiques tout au long de l’année. Mais les dernières données montrent un ralentissement inquiétant : les importations de brut ont chuté de 7 % en septembre, atteignant leur plus bas niveau depuis février.
Ce fléchissement alimente les craintes d’un pic de demande chinoise. Avec l’essor rapide des véhicules électriques (40 % du marché prévu d’ici fin 2025) et un climat économique morose, Pékin pourrait réduire durablement ses achats. Une contraction à moins de 11 millions de barils par jour est désormais anticipée, voire en dessous des 10 millions en cas d’escalade commerciale avec Washington.
Au-delà des fondamentaux, la géopolitique reste un puissant moteur de volatilité.
Pour 2025, la plupart des analystes anticipent un Brent oscillant entre 60 et 70 dollars le baril, mais avec un biais baissier. Reuters prévoit un prix moyen de 67,61 dollars, tandis que RBC Capital estime que, dans un scénario d’apaisement géopolitique, les cours pourraient chuter à 55 dollars. À l’inverse, une aggravation au Moyen-Orient pourrait les propulser à 80 dollars à court terme.