En 2026, le budget de l’Algérie sera fortement dépendant de l’endettement intérieur, tout en s’appuyant sur une digitalisation accrue de l’administration et sur une amnistie fiscale visant à renforcer les recettes et à élargir l’assiette fiscale. Le déficit prévu atteindra environ 9 627 milliards de dinars (-23 % du PIB) et sera financé par la dette intérieure, qui atteindra près de 18 000 milliards de dinars, répartis entre 8 000 milliards pour combler le déficit budgétaire, 6 000 milliards correspondant à la dette non conventionnelle héritée de 2017, et 3 500 milliards pour les crédits accordés aux entreprises publiques, notamment pour la production d’électricité et les stations de dessalement.
Dans ce contexte, le bilan de la LF 2026 prévoit des dépenses de 17 636,7 milliards DZD (42,1 % du PIB), des recettes limitées à 8 009 milliards DZD (19,1 % du PIB) et un solde global du Trésor de -5 186,6 milliards DZD (-12,4 % du PIB, à 70 % de consommation), révélant la fragilité persistante des finances publiques. À l’horizon 2027-2028, les dépenses continueront de croître, tandis que les recettes progresseront faiblement, maintenant le déficit à des niveaux préoccupants, d’autant que le Fonds de régulation des recettes (FRR) restera vide depuis 2024, comme l’ont confirmé le FMI et la Banque mondiale.
Pour répondre à ces défis, la digitalisation et la centralisation des données seront intensifiées, avec la mise en place d’une base unifiée regroupant les biens des citoyens et des entreprises, qui sera pleinement opérationnelle dès le début de 2026. Les citoyens pourront accéder à distance à leurs documents administratifs, marquant un « saut qualitatif » vers une administration numérique moderne et transparente, tandis que le livret foncier électronique sera lancé au premier semestre 2026 afin de faciliter et de sécuriser les transactions immobilières. Parallèlement, un système intégré pour les dossiers des commerçants et opérateurs économiques sera opérationnel d’ici la fin de l’année, garantissant une gestion sécurisée et transparente des informations économiques, et permettant un suivi précis des flux financiers et des droits de l’État.
Cette transformation numérique permettra également le paiement des salaires et le suivi des opérations financières à 100 % électroniques, assurant un contrôle rigoureux des dépenses et des créances des entreprises publiques, tout en facilitant la mise en place de subventions ciblées, basées sur une base de données exhaustive, qui remplacera progressivement les aides généralisées, optimisera les dépenses publiques et garantira une allocation plus efficace des ressources aux citoyens réellement dans le besoin.
Pour soutenir les recettes de l’État, la LF 2026 instaurera une amnistie fiscale à 10 % jusqu’au 31 décembre 2026, permettant aux commerçants et opérateurs économiques qui sous-déclarent ou ne déclarent pas leurs activités de régulariser leur situation sans poursuites judiciaires, excluant toutefois l’argent non déclaré hors banques. Cette mesure visera à élargir l’assiette fiscale et à ramener dans l’économie formelle des fonds qui circulent actuellement dans l’informel, contribuant ainsi à renforcer les recettes publiques et à réduire la dépendance au financement par la dette.
Malgré un cadrage triennal jugé risqué, le ministre des Finances, Abdelkarim Bouzred, avait défendu avec fermeté la trajectoire budgétaire de la LF 2026, en s’appuyant sur la croissance économique, la diversification des revenus et les réformes numériques. Bien que le budget ne concernât officiellement que l’année 2026, il avait été élaboré sur une période de trois ans (2026-2028) conformément à la loi organique n°18-15 sur les lois de finances. « C’était un piège », avait admis le ministre, rappelant que cette approche avait engagé le gouvernement dans un parcours ambitieux, potentiellement difficile à tenir en cas de chocs externes, qu’il s’agisse de fluctuations des prix du pétrole, de contraintes climatiques ou de tensions géopolitiques.


























