Les prix du pétrole ont enregistré un net recul lundi sur les marchés asiatiques, après la reprise des exportations depuis le port russe de Novorossiysk, sur la mer Noire, interrompues pendant deux jours suite à des attaques en Ukraine. Le Brent a perdu 53 cents, soit 0,82 %, pour s’établir à 63,86 dollars le baril, tandis que le West Texas Intermediate (WTI) américain a cédé 56 cents, soit 0,93 %, atteignant 59,53 dollars le baril.
Vendredi dernier, les deux indices avaient enregistré une hausse de plus de 2 % sur les marchés mondiaux, provoquée par la suspension temporaire des exportations via le port de Novorossiysk et le terminal du Consortium de l’oléoduc caspien, paralysant près de 2 % de l’offre pétrolière mondiale. Selon l’ISNA, cette interruption avait ravivé les craintes d’un déséquilibre entre l’offre et la demande à l’échelle globale.
Dimanche, le port de Novorossiysk a repris ses opérations de chargement, selon deux sources industrielles et les données de la société financière LSEG. Néanmoins, l’escalade des attaques ukrainiennes contre les infrastructures pétrolières russes demeure une source majeure d’incertitude. L’armée ukrainienne a annoncé samedi avoir ciblé la raffinerie de Riazan, tandis que l’état-major général de Kiev a indiqué dimanche avoir frappé la raffinerie de Novokuybyshevsk, dans la région de Samara.
« Les investisseurs cherchent à évaluer l’impact à long terme de ces attaques sur les exportations russes, tout en sécurisant leurs gains après la flambée des prix de vendredi », explique Toshitaka Tazawa, analyste chez Fujitomi Securities. Selon lui, « la perception d’une offre excédentaire, liée à l’augmentation de la production de l’OPEP+, continue de peser sur les cours ». Le WTI devrait ainsi se maintenir autour de 60 dollars le baril, avec une marge de fluctuation d’environ cinq dollars.
Les marchés surveillent également l’effet des sanctions occidentales sur les flux d’approvisionnement russes. Les États-Unis ont imposé le 21 novembre une interdiction de transaction avec les compagnies Lukoil et Rosneft, tandis que Donald Trump a déclaré dimanche que les républicains planchaient sur une législation sanctionnant tout pays commerçant avec la Russie.
Malgré ces tensions géopolitiques ponctuelles, les fondamentaux restent orientés à la baisse. « Les investisseurs ont profité de la hausse de vendredi pour prendre des bénéfices, car la perception d’un marché excédentaire domine toujours », poursuit Toshitaka Tazawa. « La reprise rapide des exportations russes supprime la prime de risque immédiate, et l’attention revient sur l’augmentation programmée de la production de l’OPEP+ à partir de décembre. »
Pour l’instant, le marché pétrolier reste un baromètre particulièrement sensible du conflit russo-ukrainien et des rapports de force géopolitiques mondiaux. La détente observée ce lundi est loin d’être durable : la moindre perturbation majeure pourrait propulser les cours bien au-delà des 70 dollars en quelques heures. Dans ce contexte, les investisseurs restent attentifs à la combinaison des facteurs géopolitiques et à l’évolution de l’offre, qui continue de dicter la volatilité des prix du pétrole sur les marchés mondiaux.



























