Dans une récente note publiée en juillet 2024, le département de la recherche économique de Natixis, sous la direction des économistes Jésus Castillo et Yasmine Osman, dresse un tableau critique de l’économie algérienne. Depuis le début des années 2000, l’Algérie a connu une croissance économique dynamique, avec une moyenne annuelle de +3,6% entre 2000 et 2012. Cette croissance a été en grande partie soutenue par une demande intérieure robuste, appuyée par des investissements publics importants et une augmentation des dépenses publiques pour répondre aux revendications sociales exacerbées par le Printemps arabe.
Malgré cette période de croissance, des vulnérabilités majeures persistent. La dépendance élevée de l’Algérie aux revenus des hydrocarbures constitue un point de faiblesse crucial. Le gouvernement algérien a mis en place plusieurs plans quinquennaux d’investissement public, incluant des investissements significatifs de 6,9 milliards de dollars (2001-2004), 155 milliards de dollars (2005-2009), et 286 milliards de dollars (2010-2014). Cependant, cette forte dépendance des recettes pétrolières ne fait qu’accroître la vulnérabilité économique du pays.
Le rapport de Natixis souligne également les problèmes budgétaires majeurs. L’augmentation des dépenses courantes, notamment les rémunérations des fonctionnaires et les subventions aux produits de base, a conduit à un déficit public croissant. En 2012, le déficit public atteignait -2,9% du PIB, contre -0,4% en 2011. Les prévisions pour 2013 indiquent une légère amélioration du solde budgétaire à -0,7% du PIB, grâce à la réduction des dépenses publiques.
L’Algérie a tenté de gérer cette situation en créant le Fonds de Régulation des Recettes (FRR) en 2000, alimenté par une partie des recettes pétrolières. Cependant, les recettes fiscales liées au pétrole financent à la fois le budget de l’État et le FRR, avec un prix seuil du baril fixé à 37 USD dans la loi de finances 2013. Lorsque les recettes pétrolières dépassent ce seuil, le surplus est versé au FRR. Malgré cela, le FRR a été utilisé de plus en plus pour financer les dépenses publiques, ce qui a contribué à la diminution de son encours par rapport au PIB.
Depuis 2009, le prix du pétrole a souvent été inférieur à celui nécessaire pour maintenir un équilibre budgétaire tout en préservant le niveau du FRR. Bien que le fonds ait atteint 5 771 milliards de dinars (environ 78 milliards de dollars) en 2012, sa part dans le PIB diminue et les ponctions effectuées par les autorités n’ont pas suffi à éviter les déséquilibres budgétaires.
Pour l’avenir, la gestion de l’économie algérienne nécessitera des réformes structurelles significatives. La dépendance persistante aux hydrocarbures, combinée à des dépenses publiques élevées et à une politique de subventions mal maîtrisée, représente un défi majeur. Une réforme des subventions et une diversification économique plus poussée seront cruciales pour renforcer la résilience économique de l’Algérie et réduire sa vulnérabilité face aux fluctuations des prix des matières premières.
Bien que l’Algérie ait montré une capacité de croissance notable par le passé, les défis structurels et budgétaires auxquels elle fait face nécessitent une attention urgente et des réformes profondes pour assurer une stabilité économique durable.