Ankara a condamné lundi une attaque aérienne syrienne contre un convoi militaire turc dans la région d’Idlib en Syrie, insurrectionnelle, à la frontière avec la Turquie, comme indiqué par son ministère de la Défense dans un communiqué publié sur son site web.
« Un attentat à la bombe lancé contre notre convoi à 8h55 a provoqué la mort de trois civils et en a blessé douze autres », a-t-il déclaré.
«Les opérations en cours violent tous les accords et mémorandums conclus et menacent les routes de ravitaillement du poste d’observation 9 […]. Nous avons donc déployé nos forces à 17 h 30 pour garder les itinéraires ouverts », explique la lettre condamnant les attaques contre des civils.
Pour sa part, Damas a accusé le régime turc de « violer de manière flagrante son intégrité territoriale et sa souveraineté » après avoir assuré que le convoi militaire franchisse le territoire syrien « chargé de munitions et d’armes pour approvisionner les terroristes d’Al Nusra (ancienne branche d’Al-Qaïda en Syrie) à Khan Cheikhoun au sud d’Idlib», selon l’agence de presse syrienne Sana.
L’échange d’accusations a lieu lorsque l’armée syrienne se positionne aux portes de la ville stratégique de Khan Cheikhoun, devenue l’épicentre des derniers combats entre les troupes syriennes et les milices djihadistes de Hayat Tahrir al Sham (HTS), lié à al-Qaïda et à la force dominante dans la dernière province rebelle du pays. Dans la nuit de dimanche, des affrontements virulents ont eu lieu entre les deux camps, faisant une centaine de morts en uniforme, selon le décompte de l’observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).
« L’aviation russe et syrienne a attaqué des véhicules de Faylaq al-Rahmane, une milice alliée de Turquie, lorsqu’un convoi mixte des deux forces essayait d’escorter le retrait des soldats turcs stationnés au poste d’observation de Morek Idlib », a-t-il déclaré
La Turquie maintient une douzaine de postes d’observation dans la région d’Idlib dans une bande d’échelle guerrière convenue avec Moscou et Damas. Cette entente tripartite pour laquelle la Turquie avait promis d’observer le retrait de ce couloir des groupes d’insurgés qu’elle soutenait, a réussi à mettre fin à une offensive imminente des troupes syriennes à la fin de 2018. Toutefois, le gouvernement de Damas a relancé les attaques au sol.
Le 30 avril, après avoir accusé Ankara d’avoir « violé sa part de l’accord » et d’avoir « été incapable de contrôler les terroristes », il a publié des objectifs djihadistes. »Nous sommes sur le point de reprendre Khan Cheikhoun et d’agir rapidement sur le front de Hama », a déclaré un officier de l’armée syrienne à Damas lors d’une conversation via Whastapp. La récupération de cette enclave – sous le contrôle des insurgés depuis 2014 – est cruciale pour Damas, car elle se situe sur la route qui relie la capitale syrienne à la deuxième ville du nord du pays, le cœur économique du pays.
Avec les dernières avancées réalisées dans le sud de la province d’Idlib, les troupes fidèles à El Asad contrôlent déjà 270 kilomètres carrés de territoire dans cette région, dont 56 villages et hameaux, ainsi que des dizaines de collines stratégiques, selon une source militaire cité par EFE.
Environ mille civils tués sous les bombardements des avions de l’aviation russe et syrienne et plus de 400 000 personnes ont été déplacées de leurs foyers, a annoncé l’ONU. La population civile d’Idlib est estimée à 2,5 millions d’habitants, dont la moitié a déjà été évacuée des autres échanges d’insurgés du pays. Malgré la supériorité aérienne des troupes régulières syriennes, les quelque 20 000 combattants djihadistes du HTS disposent d’un arsenal de missiles antichars et anti-aériens avec lesquels ils ont réussi à abattre un chasseur syrien jeudi dernier pour capturer le pilote.
« Ces derniers jours, des colonnes de véhicules chargés de civils et d’articles ménagers se sont réfugiées à la frontière turque », a déclaré le militant rebelle Abou al-Alaa de la capitale du même nom, Idlib. Cette frontière reste cependant scellée par des civils, la Turquie craignant une entrée en force sur son territoire où se trouvent déjà 3,6 millions de réfugiés syriens. En avril 2017, Khan Cheikhoun a été la cible d’une attaque chimique au gaz sarin qui a coûté la vie à au moins 80 civils et pour laquelle l’ONU, la France et les États-Unis ont imputé la responsabilité à Damas. Le gouvernement syrien a accusé les insurgés de l’attaque.
Les experts décrivent Idlib comme la dernière bataille de la guerre civile syrienne, le reste des manifestations dans le pays étant des conflits transfrontaliers impliquant des acteurs régionaux et internationaux.
Idlib : Des combattants syriens bombardent un convoi militaire turc
Dans: International