Le limogeage de Sergueï Choïgou, ministre russe de la Défense depuis 2012, par Vladimir Poutine, a pris de court de nombreux observateurs. Cette décision intervient après l’investiture de Poutine pour un cinquième mandat présidentiel au Kremlin et plus de deux ans de conflit en Ukraine. Choïgou est remplacé par Andreï Belooussov et devient secrétaire du Conseil de Sécurité, en remplacement de Nikolaï Patrouchev, démis de ses fonctions selon un décret du Kremlin. Sergueï Lavrov, ministre des Affaires étrangères, devrait conserver son poste, de même que Valeri Guerassimov, chef d’état-major des forces armées russes.
Sergueï Choïgou, un lieutenant proche de Vladimir Poutine et figure centrale de l’assaut russe en Ukraine, était sous le feu des critiques depuis un certain temps. Des accusations de corruption visant un de ses anciens vice-ministres ont fragilisé sa position ces dernières semaines. Originaire de la région de Touva en Sibérie, Choïgou a gravi les échelons du pouvoir russe depuis l’époque soviétique. Après avoir dirigé le ministère des Situations d’urgence, il est devenu gouverneur de la région de Moscou en 2012 avant d’être nommé ministre de la Défense la même année.
Cependant, son implication dans le conflit ukrainien et les revers subis par l’armée russe ont terni sa réputation. Les critiques sur sa gestion du conflit, notamment sur la dissimulation des pertes sur le terrain, ont conduit à des tensions croissantes avec Vladimir Poutine. Les accusations de corruption et les désaccords publics avec des figures influentes comme Evguéni Prigojine ont aggravé sa situation.
Ce remaniement intervient également après l’incarcération de Timour Ivanov, vice-ministre de la Défense, pour des accusations de corruption à grande échelle. Son arrestation soulève des questions sur l’étendue de la corruption au sein de l’appareil militaire russe et rappelle les scandales passés ayant ébranlé l’armée russe dans les années 1990 et 2000.