La police de Barcelone a déclenché une vaste chasse à l’homme pour retrouver l’ancien leader catalan Carles Puigdemont, qui s’est éclipsé après une brève réapparition à Barcelone. Connu pour son rôle central dans le mouvement indépendantiste, Puigdemont a choisi ce moment critique pour refaire surface, mettant ainsi une pression considérable sur l’Esquerra Republicana (ERC), qui se trouve désormais à jongler entre pragmatisme politique et fidélité à l’idéal indépendantiste.
À 61 ans, Puigdemont, exilé en Belgique depuis l’échec de la tentative de sécession en octobre 2017, revient sur le devant de la scène alors qu’un accord venait tout juste d’être conclu entre le Parti socialiste catalan (PSC) de Salvador Illa et l’ERC, parti séparatiste de gauche. Cet accord, qui semblait mettre fin à des mois de blocage politique, est désormais en péril à cause de cette résurgence de Puigdemont. L’apparition publique de ce dernier, prévue sous haute sécurité, perturbe déjà le débat d’investiture d’Illa comme président régional, prévu pour jeudi.
Recherché pour détournement de fonds publics et autres délits liés à la tentative de sécession, Puigdemont a consacré sa carrière à la création d’un État indépendant en Catalogne. Son approche rigide a souvent exacerbé les tensions, que ce soit avec d’autres partis séparatistes ou avec le gouvernement central espagnol. Ce retour inattendu survient à un moment crucial pour la Catalogne, mettant en danger l’accord politique qui devait stabiliser la région. Connu pour ses critiques acerbes envers l’ERC, qu’il accuse de trop de complaisance envers Madrid, Puigdemont pourrait raviver les divisions internes au sein du mouvement indépendantiste, compliquant ainsi l’établissement d’une majorité stable pour Illa.
Cette brève réapparition peut être interprétée comme un geste stratégique visant à rappeler sa position centrale au sein du mouvement indépendantiste. En se montrant publiquement malgré les risques, Puigdemont envoie un message fort à ses partisans et à ses adversaires : il demeure une figure incontournable de la lutte pour l’indépendance. Ce geste, perçu par certains comme une provocation, constitue un défi non seulement pour le gouvernement central espagnol, mais aussi pour l’ERC, qui doit désormais réévaluer sa position dans un contexte où pragmatisme politique et idéalisme indépendantiste s’opposent.
Pour le gouvernement central dirigé par Pedro Sánchez, cette réapparition de Puigdemont constitue un véritable défi. Sánchez, qui avait tenté d’apaiser les tensions avec la Catalogne en proposant une loi d’amnistie pour les responsables du référendum de 2017, voit sa politique remise en question par ce retour inattendu. La droite espagnole, farouchement opposée à toute concession envers les séparatistes, critique déjà ce qu’elle perçoit comme une faiblesse de l’État face à Puigdemont. Cette situation pourrait raviver les tensions entre Madrid et Barcelone, mettant en péril les efforts de réconciliation et de stabilité politique entrepris par Sánchez.
L’apparition soudaine de Carles Puigdemont à Barcelone démontre qu’il reste un acteur clé de la politique catalane, capable de redéfinir les alliances et d’exacerber les divisions au sein du mouvement indépendantiste. Ce retour symbolique et audacieux souligne la persistance du rêve indépendantiste en Catalogne, tout en posant de nouveaux défis pour le gouvernement régional et pour Madrid. Alors que la Catalogne se trouve à un carrefour politique, Puigdemont rappelle que la question de l’indépendance reste un enjeu majeur, et que toute tentative de la marginaliser pourrait se heurter à une résistance farouche, incarnée par un leader qui refuse de se laisser oublier.