L’annonce récente de l’élévation du niveau d’alerte des forces armées libyennes fidèles au gouvernement de Tripoli, reconnu par l’ONU, signale une nouvelle tension dans la région déjà instable du sud-ouest de la Libye. Alors que le pays demeure profondément divisé entre deux gouvernements rivaux, les récentes manœuvres des forces dirigées par Khalifa Haftar, l’homme fort de l’Est, soulèvent des inquiétudes quant à une potentielle escalade militaire.
Le sud-ouest libyen, qui borde des pays comme l’Algérie et la Tunisie, constitue une région stratégique, tant pour les ressources naturelles que pour la surveillance des frontières. La présence accrue des forces de Haftar dans cette zone pourrait indiquer une volonté de contrôler ces régions sous prétexte de « sécuriser les frontières ». Cependant, cette initiative pourrait également servir à renforcer sa position face au gouvernement de Tripoli, dirigé par Abdelhamid Dbeibah.
L’histoire récente de la Libye est marquée par l’ombre du conflit. De 2019 à 2020, Khalifa Haftar avait lancé une offensive violente pour prendre Tripoli, stoppée en périphérie par les forces du Gouvernement d’union nationale, soutenues par la Turquie. Aujourd’hui, la présence de forces affiliées à Haftar dans le sud-ouest du pays pourrait signaler une répétition de ce schéma, mais avec un théâtre d’opération différent.
Le rôle des puissances étrangères dans ce contexte ne peut être sous-estimé. Haftar bénéficie du soutien militaire de la Russie, de l’Égypte, et des Émirats arabes unis, qui ont joué un rôle crucial lors de ses précédentes offensives. De l’autre côté, le gouvernement de Tripoli reste sous la protection de la Turquie, créant un équilibre fragile qui pourrait basculer à tout moment.
Les récentes déclarations des forces de l’Est, sous la supervision de Saddam Haftar, le fils du maréchal, décrivent une « opération globale » visant officiellement à sécuriser les frontières sud. Pourtant, ces mouvements militaires pourraient être interprétés comme une tentative de prise de contrôle progressive des régions stratégiques du sud-ouest, accentuant ainsi les divisions internes.
L’avenir de la Libye reste incertain, et toute nouvelle confrontation pourrait avoir des répercussions désastreuses non seulement pour le pays, mais aussi pour l’ensemble de la région. Le gouvernement de Tripoli, déjà affaibli par des années de guerre civile et de divisions internes, doit faire face à cette nouvelle menace avec une vigilance accrue, tout en essayant de maintenir l’équilibre précaire qui existe entre les diverses factions et leurs soutiens internationaux.
Dans ce contexte, la communauté internationale doit redoubler d’efforts pour prévenir une nouvelle escalade en Libye, qui pourrait non seulement déstabiliser davantage le pays, mais aussi avoir des conséquences sur la sécurité régionale, notamment pour les pays voisins comme l’Algérie et la Tunisie. La situation appelle à une surveillance rapprochée et à des efforts diplomatiques intensifiés pour éviter un retour aux hostilités à grande échelle.