Le président iranien, Massoud Pezeshkian, a fait une déclaration retentissante lors de sa première conférence de presse depuis son élection en juillet 2024. Il a promis que la police des mœurs, responsable de l’arrestation de Mahsa Amini, ne « dérangera » plus les femmes ne portant pas le voile obligatoire. Cette prise de position intervient symboliquement à l’occasion du deuxième anniversaire de la mort tragique de la jeune femme kurde, dont le décès en détention avait provoqué une onde de choc à travers le pays et au-delà.
Mahsa Amini, arrêtée en septembre 2022 pour non-respect du strict code vestimentaire imposé aux femmes en Iran, est devenue le symbole d’une révolte massive contre le régime. Sa mort a déclenché un mouvement de contestation qui a entraîné des centaines de morts et des milliers d’arrestations, marquant l’Iran d’une profonde répression.
Les propos de Pezeshkian sont perçus comme une rupture avec la ligne dure de son prédécesseur, Ebrahim Raisi, mais laissent planer des doutes. En effet, bien que ce geste puisse être un signe d’ouverture pour les défenseurs des libertés, il reste flou sur le démantèlement ou la réforme réelle de la police des mœurs. La simple promesse de ne pas « déranger » les femmes ne règle pas la question fondamentale de l’existence de cette force de contrôle et de son influence sur la vie publique.
En outre, ces déclarations surviennent dans un climat de restrictions continues sur les libertés, particulièrement sur l’accès à Internet et aux réseaux sociaux, sévèrement contrôlés par le régime. Pezeshkian a annoncé vouloir alléger ces limitations, mais le pays reste prisonnier d’un cadre répressif, exacerbant les tensions sociales qui perdurent depuis les manifestations de 2022.
Sur le plan international, Pezeshkian a également évoqué les relations tendues avec l’Occident, notamment avec les États-Unis, ainsi que les sanctions récentes imposées par l’Europe. Bien qu’il tente d’adopter une position plus modérée, les critiques restent sceptiques sur sa capacité à rétablir des relations apaisées avec les puissances occidentales, particulièrement en ce qui concerne les accusations de coopération militaire avec la Russie.
Le mandat de Pezeshkian est confronté à de nombreux défis. Si ses intentions semblent orientées vers un assouplissement des contraintes sociales et politiques, la mise en œuvre de réformes significatives, en particulier sur les libertés individuelles, reste incertaine dans un pays où les forces conservatrices exercent une influence toujours aussi forte. Le chemin vers une réelle émancipation des femmes iraniennes est encore long et semé d’embûches.