Le sommet des BRICS, qui a débuté mercredi matin à Kazan, représente une occasion stratégique essentielle pour Vladimir Poutine. Alors qu’il fait face à un isolement croissant en raison des sanctions occidentales imposées après l’invasion de l’Ukraine en février 2022, le président russe s’efforce de démontrer l’inefficacité de ces mesures tout en renforçant son influence sur la scène internationale. La participation d’Antonio Guterres, le secrétaire général des Nations Unies, à cet événement a suscité des critiques en Ukraine, qui l’a qualifiée de « déplorable ».
La guerre en Ukraine demeure un sujet central des échanges au sommet. À l’approche de cette rencontre, Poutine a mené des discussions bilatérales avec ses homologues chinois et indien, se montrant ouvert à leurs propositions de médiation. Bien que la Russie cherche à projeter une image de force, ce conflit génère des tensions au sein des BRICS. Les initiatives de paix suggérées par la Chine et l’Inde sont souvent considérées par l’Ukraine comme favorisant Moscou, illustrant ainsi l’absence de consensus au sein du bloc et les difficultés à établir une stratégie commune face à des enjeux géopolitiques aussi complexes.
L’ambivalence stratégique de la Chine et de l’Inde envers la Russie se manifeste par un soutien économique tout en adoptant des positions prudentes sur la guerre en Ukraine. Narendra Modi plaide publiquement pour la paix, tout en maintenant des relations commerciales solides avec Moscou. De son côté, Xi Jinping aborde les enjeux liés à la guerre lors de rencontres discrètes avec Poutine, tout en cultivant une diplomatie mesurée. Cet équilibre est vital pour Poutine, qui ambitionne de redéfinir la Russie comme un pilier d’un monde multipolaire.
Le sommet de Kazan ouvre également des discussions sur l’élargissement des BRICS, avec plus de 30 pays intéressés à rejoindre l’alliance. Cela représente pour la Russie une occasion de renforcer son influence, notamment dans les régions du Sud et de l’Est. Toutefois, cette perspective suscite des inquiétudes parmi certains membres, qui redoutent une dilution de l’efficacité du groupe. L’élargissement pourrait également compliquer la cohésion stratégique du bloc, déjà mise à l’épreuve par des intérêts nationaux divergents.
Le sommet de Kazan constitue une étape cruciale pour Poutine, cherchant à affirmer que la Russie reste un acteur central dans un nouvel ordre mondial malgré les sanctions. Le soutien tacite de la Chine et de l’Inde renforce cette position, mais les dissensions internes et l’impact persistant de la guerre en Ukraine révèlent les limites de cette stratégie. Les discussions sur des initiatives de paix n’ont jusqu’à présent donné lieu à aucune avancée significative, mettant en lumière la complexité d’une résolution diplomatique.
En marge de ce sommet, la rencontre entre Xi Jinping et Narendra Modi, après cinq ans sans dialogues officiels en raison de tensions frontalières, constitue un moment clé. Leur récent accord sur la gestion des patrouilles frontalières montre une volonté d’apaiser leurs différends.
Enfin, l’intérêt de la Turquie pour rejoindre les BRICS témoigne de l’attractivité croissante de cette alliance, particulièrement pour les nations cherchant à diversifier leurs alliances dans un contexte international en mutation.