Le 11 novembre 2024, Serge Mathurin Adou, un journaliste nigéro-ivoirien, a été formellement inculpé pour « atteinte à la sûreté de l’État » et placé en détention à la prison civile de Birni N’Gaouré, située à environ 100 km de Niamey. Cette arrestation intervient dans un contexte de tensions diplomatiques croissantes entre le Niger, le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire, exacerbées par des accusations de déstabilisation visant le Burkina Faso, sous régime militaire depuis 2022.
Le journaliste avait disparu le 1er septembre 2024 après avoir informé sa famille de sa convocation par les autorités nigériennes. Fin septembre, le ministre de la Sécurité du Burkina Faso a accusé Adou d’être impliqué dans un complot visant à déstabiliser le pays voisin. Depuis le coup d’État militaire de 2022, le Burkina Faso a intensifié la répression contre les journalistes et les opposants, alimentant la paranoïa des autorités sur toute menace perçue à l’ordre établi.
L’incarcération de M. Adou se produit dans un climat diplomatique déjà tendu entre le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire, avec des accusations réciproques de complot et de tentatives de déstabilisation. Ce contexte a attiré l’attention de la communauté internationale, notamment de l’ONG Reporters sans frontières, qui dénonce une répression croissante des journalistes dans la région, marquée par des disparitions et des menaces.
Les autorités ivoiriennes ont réagi en prenant des mesures pour défendre M. Adou, en mandant un cabinet d’avocats pour sa défense. Le consul honoraire de Côte d’Ivoire au Niger, Victor Akpro Akessé, a exprimé ses préoccupations concernant un éventuel transfert du journaliste vers le Burkina Faso, où il pourrait faire face à des accusations plus graves. À ce jour, aucune date d’audience n’a été fixée, et le déroulement du procès semble se faire dans un climat d’incertitude et de manque de transparence.
Cette situation soulève des questions cruciales sur la liberté de la presse dans la région du Sahel, déjà marquée par une instabilité politique grandissante. L’affaire Adou pourrait avoir des répercussions importantes sur les relations diplomatiques entre la Côte d’Ivoire, le Niger et le Burkina Faso, tout en illustrant les défis auxquels la liberté d’expression est confrontée en Afrique de l’Ouest.