La visite jeudi 26 décembre 2024 du ministre israélien de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, sur l’Esplanade des Mosquées, à Jérusalem, a suscité une vive condamnation internationale. Ce site, sacré pour les musulmans, est également revendiqué par les juifs comme étant l’emplacement du Second Temple, détruit selon leurs traditions en l’an 70 par les Romains
Dans un communiqué publié vendredi, la France a exprimé sa condamnation de cette visite, qu’elle considère comme une « violation du statu quo historique des lieux saints à Jérusalem ». Selon le porte-parole du Quai d’Orsay, cette remise en question systématique du statu quo pourrait « créer un risque d’embrasement généralisé » dans une région déjà marquée par de fortes tensions.
L’Autorité palestinienne, la Jordanie et l’Égypte ont également dénoncé cette visite, qualifiée de « provocation », tandis que des voix s’élèvent pour accuser Israël de poursuivre une politique de judaïsation de Jérusalem-Est.
L’Esplanade des Mosquées, située dans la vieille ville de Jérusalem-Est, est un lieu chargé de significations religieuses et politiques. Pour les musulmans, elle abrite la mosquée Al-Aqsa, troisième lieu saint de l’islam après La Mecque et Médine.
Cependant, ce lieu est également vénéré par les juifs, qui l’identifient comme l’emplacement des deux temples juifs historiques. Le second temple, selon les récits historiques, aurait été détruit par les Romains en l’an 70. Bien qu’aucune preuve archéologique ne permette de confirmer ces affirmations, cette revendication alimente les tensions sur ce site depuis des décennies.
Depuis l’occupation de Jérusalem-Est par Israël en 1967, un « statu quo » a été instauré pour régir l’accès au site. En vertu de cet arrangement, les musulmans peuvent prier librement à Al-Aqsa, tandis que les non-musulmans sont autorisés à visiter le site à des horaires précis, mais sans y prier.
Cette règle, pourtant clairement établie, a été régulièrement contestée par des groupes religieux juifs et des personnalités politiques israéliennes, notamment Itamar Ben Gvir. Ce dernier, membre du gouvernement d’extrême droite, s’est rendu à plusieurs reprises sur le site depuis sa nomination en 2022, exacerbant les tensions.
La visite de Ben Gvir s’inscrit dans un contexte plus large de revendications israéliennes sur Jérusalem-Est, annexée illégalement selon le droit international. La communauté internationale, y compris l’ONU, considère cette annexion comme nulle et non avenue, tout en appelant à une solution négociée pour garantir les droits des Palestiniens.
Les Palestiniens accusent Israël de mener une politique systématique de judaïsation, visant à modifier la composition démographique, culturelle et religieuse de la ville. Cette politique inclut l’expansion des colonies israéliennes, les restrictions imposées aux Palestiniens, et des provocations sur des sites hautement sensibles comme l’Esplanade des Mosquées.