La crise politique et sociale au Mozambique a atteint une dimension critique avec l’évasion spectaculaire d’environ 6 000 prisonniers de la prison centrale de Maputo. Cet incident s’inscrit dans un contexte de violences post-électorales et de manifestations intenses, qui secouent le pays depuis les élections controversées du 9 octobre 2024.
Les élections présidentielles du Mozambique ont vu la victoire de Daniel Chapo, candidat du parti au pouvoir, le Frelimo, avec 65 % des suffrages exprimés. Ce résultat a été immédiatement contesté par l’opposition, menée par Venancio Mondlane, qui a recueilli 24 % des voix. Mondlane et d’autres partis d’opposition ont dénoncé des fraudes électorales massives, affirmées également par des observateurs internationaux, notamment ceux de l’Union européenne et de l’Église catholique.
Depuis l’annonce des résultats, des manifestations violentes ont éclaté à travers le pays. Des affrontements entre les partisans de Mondlane et les forces de l’ordre ont causé la mort de 151 personnes, selon le groupe de surveillance Plataforma Eleitoral Decide. Les manifestations ont été marquées par des blocages routiers, des incendies de bâtiments publics et des répressions brutales de la part des autorités.
Le 25 décembre 2024, une agitation a éclaté près de la prison centrale de Maputo, située à 14 km au sud-ouest de la capitale. En effet, profitant de cette confusion, des prisonniers ont abattu un mur de l’établissement et neutralisé les gardiens pour s’évader en masse.Ainsi, le bilan humain est lourd : 33 prisonniers ont été tués et 15 blessés pendant l’évasion.
De plus, sur les 6 000 évadés, environ 150 ont été récapturés par les autorités dans les heures qui ont suivi.
Par ailleurs, selon les autorités, parmi les évadés figurent 29 membres présumés du groupe armé al-Shabab, actif dans la province de Cabo Delgado. Ce groupe, qui mène une insurrection depuis 2017, est responsable de milliers de morts et du déplacement de centaines de milliers de personnes dans le nord du Mozambique.
Sur le plan politique, Venancio Mondlane a intensifié sa campagne de désobéissance civile. En exil, il communique via les réseaux sociaux et appelle à une paralysie totale du pays, promettant de se proclamer président le 15 janvier, date prévue pour l’investiture officielle de Daniel Chapo.
Antonio Guterres, Secrétaire général de l’ONU, a appelé au dialogue entre les parties et à une désescalade des violences.
Moussa Faki, président de la commission de l’UA, a exhorté à la retenue et à une résolution pacifique.
Le gouvernement américain a condamné l’usage excessif de la force par les autorités et demandé que les responsables des violations des droits humains soient traduits en justice.