Le 1er Mai 2025, à travers le monde, a été marqué par une vague de manifestations, de rassemblements et d’actions de solidarité qui ont mis en lumière les luttes globales des travailleurs face à des crises économiques et des inégalités sociales qui persistent malgré les avancées technologiques et la mondialisation. De l’Europe à l’Asie, en passant par l’Amérique latine et l’Afrique, cette journée a été l’occasion de réaffirmer la nécessité d’unité et de résistance face à un système économique mondial de plus en plus inégalitaire.
En Europe, des milliers de travailleurs ont défilé en Allemagne et en Espagne pour dénoncer les inégalités salariales croissantes et les conditions de travail dégradées dans un monde de plus en plus mondialisé. Les syndicats ont exigé des hausses de salaires pour compenser l’inflation et des garanties sur la sécurité de l’emploi. En Allemagne, une économie fortement industrialisée, des milliers de travailleurs ont exprimé leur mécontentement face à l’augmentation de la précarité, tandis qu’en Espagne, les manifestations ont été un cri de colère contre la stagnation des salaires et l’augmentation du chômage, notamment parmi les jeunes. Ces actions ont non seulement été un appel à la solidarité ouvrière, mais aussi une remise en question des politiques économiques européennes, qui semblent privilégier la croissance des grandes entreprises au détriment des travailleurs.
En France, le 1er Mai a été marqué par des tensions internes au sein du mouvement syndical, qui a révélé des fractures profondes entre les différentes organisations. La Confédération générale du travail (CGT), la Fédération syndicale unitaire (FSU) et Solidaires ont organisé des rassemblements dans tout le pays, dénonçant la politique du gouvernement, axée sur des réformes économiques impopulaires et une gestion austère des finances publiques. D’autres syndicats, comme Force ouvrière, ont privilégié des actions plus autonomes. Les revendications portaient sur la hausse des salaires, la défense des acquis sociaux, et surtout la réduction des inégalités de richesse, alors que le gouvernement, sous couvert de lutte contre la dette publique, continuait de restreindre les droits des travailleurs. La journée a ainsi mis en lumière la difficulté pour les syndicats de se faire entendre face à un gouvernement qui semble privilégier l’ordre économique et les exigences des marchés financiers au détriment du pouvoir d’achat et des conditions de vie des travailleurs.
En Asie, des manifestations se sont déroulées en Inde, en Indonésie et en Chine, où les travailleurs ont exprimé leur mécontentement face aux conditions de travail dans des secteurs tels que l’industrie textile et l’électronique. Les revendications concernaient principalement la réduction des heures de travail, l’amélioration des salaires et la garantie de conditions de travail plus sûres. En Chine, où la répression syndicale est forte, les travailleurs ont risqué leurs libertés pour dénoncer les abus de leur employeur. En Inde, des grèves massives ont eu lieu pour réclamer une amélioration des conditions de travail dans les usines, avec un accent particulier sur la sécurité des travailleurs migrants. Ces luttes en Asie ont révélé une prise de conscience croissante des travailleurs face à l’exploitation de masse, et un appel à une solidarité internationale pour renforcer leurs droits et leurs conditions de travail.
En Algérie, le 1er Mai 2025 a été une célébration institutionnelle, soigneusement orchestrée par le gouvernement et l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA). Cette journée, censée être un hommage aux travailleurs, a été vidée de toute substance contestataire. Les cérémonies officielles, tenues à la Maison du Peuple, ont mis en avant les discours du gouvernement, vantant la « protection des droits des travailleurs » et la « croissance économique ». Cependant, derrière ces déclarations, la réalité est bien différente : des salaires stagnants, des conditions de travail précaires et une répression systématique des voix dissidentes. L’UGTA, autrefois fer de lance de la lutte ouvrière, est aujourd’hui devenue un outil de propagande gouvernementale, étouffant toute tentative de mobilisation indépendante. Les acquis sociaux, qu’on se plait à célébrer, ne sont que des miettes concédées par un système plus soucieux de maintenir son pouvoir que d’assurer un véritable progrès social. Les travailleurs algériens, démunis et frustrés, se retrouvent piégés dans un cycle de promesses non tenues et d’inaction politique.
En Tunisie, le 1er Mai 2025 a revêtu un caractère particulièrement poignant, alors que l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), acteur historique de la révolution de 2011, a tenté de raviver l’esprit de lutte sociale. Malgré les manifestations bruyantes et les dénonciations des politiques gouvernementales, les revendications de l’UGTT semblent avoir peu d’échos dans un pays englué dans une crise économique sans fin. Le syndicat a critiqué son exclusion des discussions sur le Code du travail et l’inaction face à la question des salaires, alors que l’inflation galopante et la précarité frappent de plein fouet les travailleurs tunisiens. Loin des idéaux de justice sociale et d’égalité qui ont animé la révolution, les travailleurs se retrouvent face à un gouvernement qui semble avoir abandonné ses promesses. Les acquis de la révolution – dignité, équité et justice sociale – restent des slogans vides, déconnectés de la réalité quotidienne des Tunisiens qui continuent de lutter pour une vie meilleure, tandis que les élites politiques et économiques semblent imperméables à leurs souffrances.
Au-delà de ces manifestations, le 1er Mai 2025 a été une journée de solidarité mondiale, où les voix des travailleurs se sont élevées ensemble pour exiger plus de justice sociale et d’équité économique. Loin d’être un simple événement commémoratif, cette journée a marqué une volonté commune de résister à un système économique mondial de plus en plus inégalitaire et de revendiquer des conditions de travail dignes pour tous.
Les luttes mondiales des travailleurs continuent de se renforcer face aux régimes autoritaires, aux politiques économiques néolibérales et à la précarisation des emplois. Si les divisions internes et les défis restent nombreux, la solidarité internationale des travailleurs demeure une force majeure de contestation et d’espoir, un vecteur essentiel pour un avenir plus juste. Ce 1er Mai 2025 a rappelé que la lutte pour les droits des travailleurs, malgré les obstacles, est un combat global pour la dignité humaine, l’équité et la justice sociale.