Un méthanier battant pavillon camerounais a été frappé par une explosion au large du Yémen, dans le golfe d’Aden, provoquant un incendie majeur à bord et la disparition de deux membres d’équipage. L’incident, survenu samedi, relance les inquiétudes concernant la sécurité maritime dans cette zone stratégique déjà marquée par les attaques houthis.
Selon la société britannique de sécurité maritime Ambrey, le navire, identifié comme le MV Falcon, a émis un signal de détresse alors qu’il se trouvait à environ 60 milles nautiques au sud d’Ahwar, sur la côte méridionale du Yémen. La UK Maritime Trade Operations (UKMTO), agence britannique de surveillance maritime, a indiqué que l’explosion serait due à un projectile inconnu, provoquant un incendie à bord.
La force navale européenne Aspides, déployée dans la région pour la protection des navires marchands, a confirmé que 24 des 26 marins avaient pu être secourus par un bâtiment de passage, le MV Meda, qui fait route vers Djibouti. Les deux autres membres d’équipage demeurent portés disparus.
Le Falcon, un navire de 22 521 tonneaux de jauge brute construit en 1994, transportait du gaz de pétrole liquéfié (GPL) lorsqu’il a été frappé.
Dans un communiqué relayé par leur agence de presse Saba, les rebelles houthis ont affirmé que leurs forces « n’avaient rien à voir avec cet incident ». Ces insurgés, soutenus par l’Iran, mènent régulièrement depuis le début de la guerre à Gaza des attaques de missiles et de drones contre des navires qu’ils estiment liés à Israël, affirmant agir en solidarité avec les Palestiniens.
Ambrey précise cependant que le Falcon, parti de Sohar (Oman) à destination de Djibouti, ne correspond pas au profil habituel des navires pris pour cible par les Houthis.
Fait troublant, le navire avait été mentionné en 2022 par l’organisation américaine United Against Nuclear Iran pour son implication présumée dans des activités d’évitement des sanctions internationales. Aucune confirmation officielle n’a pour l’instant été donnée à ce sujet.
Le golfe d’Aden, passage stratégique reliant la mer d’Arabie à la mer Rouge, demeure l’un des points les plus sensibles du commerce maritime mondial. Fin septembre, une attaque houthie contre le cargo néerlandais MV Minervagracht y avait déjà fait un mort et un blessé grave, provoquant un incendie à bord.
Ces attaques, bien que sporadiques, rappellent la vulnérabilité du trafic énergétique international dans cette région. En réponse, la coalition internationale a renforcé la surveillance aéronavale et les opérations d’escorte, tandis que les compagnies maritimes redoublent de prudence dans leurs itinéraires.
L’incident intervient alors que les tensions régionales restent vives, malgré l’annonce récente d’un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas. Les Houthis ont déclaré rester « en alerte » et suivre « de près » l’application de cet accord avant toute suspension de leurs opérations.