Pékin – Dans un mouvement sans précédent depuis la Révolution culturelle, la Chine a annoncé vendredi l’expulsion de deux de ses officiers militaires les plus hauts gradés, ainsi que de sept autres responsables de l’Armée populaire de libération (APL), dans le cadre d’une vaste campagne anti-corruption. L’annonce, faite par le ministère de la Défense, intervient à quelques jours de la quatrième session plénière du Comité central du Parti communiste chinois (PCC) à Pékin.
Parmi les figures les plus emblématiques visées, le général He Weidong, vice-président de la Commission militaire centrale (CMC) et considéré comme le troisième officier le plus puissant de l’armée, et l’amiral Miao Hua, ancien directeur du Département du travail politique de la CMC, ont été accusés de « violations graves de la discipline du Parti » et de « crimes graves liés à leurs fonctions impliquant des sommes d’argent extrêmement importantes ».
Selon le porte-parole du ministère, Zhang Xiaogang, ces infractions sont « de nature extrêmement grave, avec des conséquences préjudiciables majeures », et la purge est présentée comme une « réussite significative » dans la lutte de Xi Jinping contre la corruption au sein de l’armée et du Parti.
L’expulsion de He Weidong, 68 ans, est particulièrement symbolique. Proche collaborateur du président Xi Jinping, il n’avait pas été aperçu en public depuis mars 2025, et son limogeage constitue la première destitution d’un commandant en exercice de la CMC depuis près de six décennies. Au-delà de l’armée, cette décision a un impact politique notable, He étant également membre du Politburo, le deuxième organe de pouvoir du PCC.
L’amiral Miao Hua avait, quant à lui, été suspendu en juin 2025 suite à une enquête pour « violations graves de la discipline ». Les sept autres officiers supérieurs concernés – parmi lesquels He Hongjun, Wang Xiubin, Lin Xiangyang, Qin Shutong, Yuan Huazhi, Wang Houbin et Wang Chunning – ont été transférés au parquet militaire pour examen et poursuites, conformément aux lois et règlements du Parti. Plusieurs de ces responsables avaient disparu de la scène publique depuis plusieurs mois, signe des enquêtes en cours.
Les experts estiment que cette vague de limogeages s’inscrit dans un double objectif, poursuivre la lutte contre la corruption au sein de l’armée et consolider l’autorité de Xi Jinping. Ja Ian Chong, professeur associé de sciences politiques à l’Université nationale de Singapour, note que « ce type de bouleversement s’est désormais normalisé et illustre la centralisation croissante du pouvoir autour du président ». De son côté, Zhuang Jiaying ajoute que ces mesures montrent la détermination du Parti à ne « jamais laisser des éléments corrompus se cacher au sein de l’armée ».
La purge survient quelques jours avant le quatrième plénum du Comité central, où d’autres décisions relatives au personnel, y compris le remplacement de membres du Politburo et du Comité central, devraient être officialisées. Le timing de cette opération souligne le contrôle étroit de Xi Jinping sur les mécanismes clés du Parti et de l’armée, consolidant sa position au sommet de l’État et de l’appareil militaire.