Les négociations nucléaires entre les États-Unis et l’Iran, qui devaient se tenir le 3 mai 2025 à Rome, ont été reportées à une date ultérieure en raison de « raisons logistiques », selon une annonce faite par Oman, qui joue un rôle de médiateur dans les pourparlers. Cette décision, bien que motivée par des considérations pratiques, a mis en lumière les tensions persistantes autour de ces discussions cruciales, qui portent sur l’avenir du programme nucléaire iranien.
Un haut responsable iranien a rapidement réagi à ce report en précisant que la nouvelle date des négociations dépendrait directement de « l’approche américaine ». Ce responsable a critiqué les sanctions imposées par Washington, les qualifiant d’élément perturbateur majeur dans le processus diplomatique. Selon lui, les sanctions, qui continuent de frapper l’économie iranienne, entravent la possibilité d’une résolution pacifique et diplomatique de la crise nucléaire.
« Les sanctions américaines pendant les négociations nucléaires n’ont pas aidé les parties à résoudre le conflit nucléaire par la diplomatie », a déclaré le responsable iranien à Reuters. Il a ajouté que l’Iran restait attaché à la diplomatie, mais que des progrès ne seraient possibles que si les États-Unis modifiaient leur posture. Ce commentaire soulève une question fondamentale : jusqu’à quel point la pression économique et politique exercée par Washington peut-elle réellement influencer les négociations, sans conduire à un enlisement total du processus ?
La position de l’Iran face aux sanctions américaines ne constitue pas une nouveauté. Depuis que les États-Unis se sont retirés de l’accord nucléaire de 2015, connu sous le nom de Plan d’action global commun (JCPOA), Téhéran a critiqué ce qu’il considère comme une politique de « pression maximale » menée par l’administration Trump. Cette approche, qui consiste à exercer des sanctions économiques sévères dans le but d’amener l’Iran à des concessions, a largement contribué à une escalade des tensions dans la région.
Depuis le retrait des États-Unis en 2018, l’Iran a largement dépassé les limites imposées par l’accord de 2015 en matière d’enrichissement d’uranium. Cette situation a nourri les préoccupations des pays occidentaux, qui craignent que l’Iran ne cherche à se doter de l’arme nucléaire, malgré les assurances de Téhéran que son programme est exclusivement pacifique. Dans ce contexte, les sanctions américaines, qui visent notamment le secteur pétrolier iranien, sont perçues par l’Iran comme un moyen d’intensifier la pression, tout en compliquant davantage les négociations.
L’Iran a aussi dénoncé ce qu’il appelle le « comportement contradictoire » des États-Unis, notamment après la mise en place de nouvelles sanctions liées à l’implication de Téhéran dans le soutien aux Houthis au Yémen. Ces sanctions surviennent en pleine période de négociations et sont vues par Téhéran comme un contre-sens, voire une provocation. Dans ce climat de tensions accrues, l’Iran appelle Washington à adopter une approche plus constructive et à faire preuve de flexibilité dans les négociations.
Malgré ces désaccords et ces provocations, les autorités iraniennes ont tenu à souligner leur volonté de poursuivre les pourparlers. Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Esmaeil Baghaei, a précisé que Téhéran continuerait de s’engager « sérieusement et résolument » dans les négociations, tout en mettant l’accent sur l’importance d’une issue « diplomatique et positive » à la crise. Il a également évoqué la possibilité de renouer des discussions avec les puissances européennes – le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne – pour discuter des moyens d’apaiser les préoccupations autour du programme nucléaire iranien.
L’issue de ces négociations reste incertaine, notamment en raison du contexte international complexe. Le président américain Donald Trump, qui a mis en place une politique de pression maximale contre l’Iran, reste inflexible dans son approche, menaçant d’agir militairement si les négociations échouent. Dans le même temps, la position de l’Iran est claire : la levée des sanctions et la reconnaissance de son droit au programme nucléaire pacifique sont des conditions sine qua non pour toute avancée substantielle dans les négociations.
Le rétablissement du JCPOA, ou la conclusion d’un nouvel accord, semble plus éloigné que jamais. Les États-Unis et l’Iran se retrouvent dans une impasse diplomatique, où chaque mouvement est scruté par la communauté internationale. Alors que l’Iran dépasse les limites fixées par l’accord de 2015, la question se pose de savoir si un compromis est encore possible ou si les deux nations finiront par s’éloigner définitivement l’une de l’autre, malgré les efforts diplomatiques déployés.
Les mois à venir seront déterminants pour la stabilité de la région du Moyen-Orient et pour la manière dont l’Iran et les États-Unis géreront leur confrontation sur la scène internationale. Le monde attend avec impatience de voir si un nouvel accord sera signé ou si la situation se détériorera davantage, laissant la diplomatie en suspens et augmentant les risques d’escalade.