La vague d’indignation prend une ampleur inédite. Condamné le 29 juin dernier à sept ans de prison ferme par la justice algérienne pour des accusations d’« apologie du terrorisme » et de « possession de publications à des fins de propagande », le journaliste français Christophe Gleizes, spécialiste reconnu du football, fait aujourd’hui l’objet d’un vaste élan de solidarité. Reporters sans frontières (RSF) a réuni plus d’une centaine de personnalités issues du monde culturel, sportif et médiatique pour réclamer sa libération immédiate. En parallèle, une pétition en ligne dépasse les 17 000 signatures.
Pour RSF, cette condamnation est une dérive flagrante : « Ce jugement lourd et infondé constitue une atteinte directe à la liberté de la presse et au droit d’informer », dénonce l’organisation dans un communiqué. Gleizes, interdit de quitter le territoire algérien pendant treize mois, a toujours maintenu que ses contacts avaient un but exclusivement journalistique.
Face à cette situation, les voix s’élèvent avec force. De Catherine Deneuve à Rai, de Vahid Halilhodžić à Hervé Renard, de Mohamed Mbougar Sarr à Anne-Sophie Lapix, le comité de soutien réunit des figures emblématiques qui dénoncent une justice instrumentalisée et une liberté d’expression bafouée. « Le soutien public de tant de personnalités est une étape essentielle », affirme Thibaut Bruttin, directeur général de RSF. « Nous devons unir nos forces pour exiger des autorités algériennes qu’elles mettent fin à cette mascarade judiciaire. »
L’appel est aussi adressé à la France. Alors que les relations entre Paris et Alger traversent une nouvelle zone de turbulence — marquée par l’arrestation de l’écrivain Boualem Sansal et des expulsions diplomatiques réciproques — la pression monte pour que l’Élysée s’empare fermement de l’affaire Gleizes. Les proches du journaliste dénoncent une « épreuve insoutenable » et ont organisé une marche symbolique au Festival d’Avignon, haut lieu de l’expression artistique et de la liberté d’opinion.
Ce qui se joue ici dépasse le cas personnel de Christophe Gleizes. Dans un pays où la presse indépendante est étouffée, où les voix dissidentes sont systématiquement criminalisées et où toute tentative de couvrir des sujets sensibles comme la question kabyle est considérée comme un acte de subversion, ce procès apparaît comme un message glaçant. La condamnation du journaliste s’inscrit dans une stratégie plus large de musellement, où informer devient un acte de résistance.
« La liberté de la presse ne se négocie pas. Elle ne s’achète pas. Elle ne s’intimide pas », rappelle RSF. Et le combat pour Gleizes devient ainsi celui de tous les journalistes emprisonnés, surveillés, réduits au silence pour avoir simplement fait leur travail.
Dans une lettre ouverte, les signataires du comité exhortent les autorités françaises à mobiliser tous les leviers diplomatiques, mais aussi les institutions internationales à se saisir de cette affaire. L’Union européenne, l’ONU et les grandes ONG de défense des droits humains sont appelées à ne pas détourner le regard.
Car ce qui est en jeu ici, ce n’est pas seulement le sort d’un homme injustement emprisonné, c’est le droit de chaque journaliste à travailler librement, sans crainte de représailles politiques.