Garoua – L’opposant camerounais Issa Tchiroma Bakary, candidat du Front du salut national du Cameroun (FSNC), a revendiqué lundi soir sa victoire à l’élection présidentielle du 12 octobre, appelant le président Paul Biya à « respecter le choix du peuple » et à reconnaître sa défaite.
« Notre victoire est claire. Elle doit être respectée », a déclaré Tchiroma dans un message diffusé depuis sa ville natale de Garoua. « Le peuple a voté. Son choix doit être honoré. »
Ancien ministre de l’Emploi et porte-parole du gouvernement, Tchiroma, âgé d’une soixantaine d’années, s’était détaché du régime de Biya plus tôt cette année pour lancer une campagne qui a rassemblé de larges foules et bénéficié du soutien d’une coalition de partis d’opposition et d’organisations civiques.
Le parti de Paul Biya, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), a immédiatement rejeté cette proclamation, la qualifiant de « canular grotesque » et rappelant que seuls le Conseil constitutionnel et ses instances sont habilités à publier les résultats officiels, attendus le 26 octobre.
Malgré la domination historique de Biya, au pouvoir depuis 43 ans et candidat à un huitième mandat à 92 ans, Tchiroma a salué la détermination des électeurs qui ont résisté aux pressions et sont restés dans les bureaux de vote pour garantir la sincérité du scrutin.
« Nous avons placé le régime devant ses responsabilités : soit il fait preuve de grandeur en acceptant la vérité des urnes, soit il choisit de plonger le pays dans des troubles qui laisseront une cicatrice indélébile », a averti Tchiroma.
Il a également lancé un appel aux forces de sécurité et à l’administration publique, les exhortant à rester fidèles à la République plutôt qu’au régime en place.
La loi électorale camerounaise permet la publication des résultats dans les bureaux de vote, mais le décompte officiel reste du ressort du Conseil constitutionnel, qui doit valider les résultats avant le 26 octobre. Tchiroma a annoncé qu’il publierait bientôt une répartition région par région des votes, affirmant que cette victoire « n’est pas celle d’un homme ni d’un parti, mais celle d’un peuple ».