24 novembre 2025, en fin de soirée, Le ministre iranien du Renseignement a lancé un avertissement sévère contre toute tentative visant à assassiner le guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, soulignant que de tels actes pourraient être orchestrés par les ennemis de l’Iran, notamment Israël et les États-Unis. Selon les médias locaux, il a également mis en garde contre toute tentative de provoquer des troubles à l’intérieur du pays..
« Le pilier central de la Révolution, c’est le Guide. C’est précisément pour cela que l’ennemi veut le frapper et prendre des mesures qui menaceraient l’axe même de notre unité nationale », a-t-il asséné.
Aucun détail opérationnel n’a été donné. Pas de date, pas de modus operandi, pas même une allusion à une menace imminente précise. Pourtant, ces quelques lignes ont suffi à remettre l’Iran en état d’alerte maximale. Car, pour la première fois depuis très longtemps, Téhéran ne se contente plus d’évoquer de vagues « complots sionisto-américains » : il désigne nommément la vie de l’homme le plus puissant du pays comme l’objectif prioritaire de ses adversaires. Mais Pourquoi maintenant ? Le traumatisme encore vif de la guerre de juin .Il faut remonter à l’été 2025 pour comprendre l’ampleur du choc.
Dans la nuit du 12 au 13 juin, Israël déclenchait l’opération « Colonne de nuée » : plus de 200 avions de combat et des dizaines de drones furtifs frappaient simultanément les sites nucléaires de Natanz, Fordow et Arak, les bases des Gardiens de la Révolution, et même certains quartiers résidentiels abritant des hauts gradés. En quelques heures, l’Iran perdait une génération entière de commandants et de scientifiques nucléaires.
La riposte iranienne, massive mais désordonnée, s’abattait sur Tel-Aviv et Haïfa. Douze jours durant, le Moyen-Orient retenait son souffle. Les États-Unis finissaient par entrer dans la danse le 21 juin, bombardant trois installations souterraines avec des B-2 et des bombes anti-bunker GBU-57. Le cessez-le-feu, imposé par Donald Trump le 24 juin, mettait un terme aux hostilités directes, mais pas à la guerre froide brûlante qui couve depuis.
Pendant ces douze jours, Ali Khamenei avait purement et simplement disparu des radars publics. Plus d’apparitions, plus de prières collectives, plus de cortèges. Seuls quelques messages vidéo préenregistrés, tournés dans un décor neutre et diffusés à des heures imprévisibles, témoignaient qu’il était encore en vie. Depuis, le Guide suprême de 86 ans vit retranché, ses sorties réduites à leur strict minimum, toujours entourées d’un dispositif de sécurité digne d’un chef d’État en guerre.
Durant ce conflit éclair, les dirigeants israéliens et américains avaient franchi un tabou.
Benyamin Netanyahou, interrogé par ABC News sous les sirènes de Tel-Aviv : « Eliminer le guide suprême ne prolongerait pas la guerre. Cela y mettrait fin. »
Donald Trump, sur Truth Social : « J’ai dit à Bibi qu’il pouvait le faire. Moi, je ne le ferai pas… pour l’instant. Il sait qu’il est une cible facile. »
Ces phrases, répétées en boucle sur les télévisions iraniennes, ont été perçues comme des menaces directes, presque des aveux. Elles ont transformé une hypothèse autrefois théorique – l’assassinat ciblé du Guide – en scénario crédible, voire probable aux yeux du régime.
Le 11 novembre, le président Massoud Pezeshkian, pourtant réputé modéré, laissait échapper une confidence lourde de sens :
« Pendant la guerre, je n’avais pas peur pour moi. J’avais peur qu’il arrive quelque chose au Guide… et qu’ensuite, nous nous battions entre nous. »
Cette phrase résume tout. Dans l’imaginaire du pouvoir iranien, la mort de Khamenei ne serait pas seulement une victoire stratégique pour Israël ou les États-Unis. Ce serait surtout l’étincelle qui ferait exploser les contradictions internes : rivalités entre Gardiens de la Révolution et clergé traditionaliste, ambitions des différents prétendants à la succession (dont le discret Mojtaba Khamenei, fils du Guide), fractures entre réformateurs et ultraconservateurs. Un chaos que Téhéran redoute bien plus que n’importe quelle frappe militaire.
L’avertissement de Khatib n’est donc pas qu’une alerte sécuritaire. C’est aussi une opération politique de grande ampleur.
En désignant Ali Khamenei comme la cible numéro un des « ennemis sionistes et américains », le régime iranien envoie un message double : il tente de renforcer l’unité nationale face à une menace extérieure toujours présente, tout en légitimant un durcissement sécuritaire interne, incluant arrestations préventives, surveillance accrue et purges ciblées. Chaque acteur du système sait désormais que la survie du Guide suprême reste la condition sine qua non de sa propre sécurité et de son influence au sein du pouvoir.
Cinq mois après le cessez-le-feu du 24 juin, la situation demeure explosive. L’Iran a repris discrètement l’enrichissement d’uranium à 60 %, et ses centrifugeuses de nouvelle génération tournent dans des installations reconstruites ou déplacées, échappant à tout contrôle. Israël, de son côté, maintient ses forces aériennes en alerte maximale, simulant régulièrement des frappes longues portées sur Téhéran. Les États-Unis, sous la seconde présidence Trump, ont relancé la « pression maximale », menaçant de nouvelles sanctions économiques — voire d’interventions plus directes — si l’Iran ne renonce pas à ses programmes sensibles.
Dans ce contexte, l’avertissement du ministre du Renseignement n’est pas un simple acte de communication : il révèle l’état de préparation du régime face à un scénario extrême. La République islamique anticipe non seulement un conflit ouvert, mais aussi une possible tentative d’élimination de l’homme qui, depuis trente-six ans, symbolise la continuité du régime et l’incarnation de son autorité politique et religieuse.
Ali Khamenei apparaît paradoxalement à la fois vulnérable et incontournable. Sa santé avancée et le poids croissant des tensions internationales accentuent cette fragilité, tandis que son rôle stratégique demeure central : l’avenir du pays, et de sa politique régionale, reste suspendu à sa personne.
L’Iran se retrouve ainsi sur un fil du rasoir géopolitique, où chaque mouvement — de Téhéran, de Jérusalem ou de Washington — peut déclencher une réaction en chaîne aux conséquences potentiellement dramatiques pour l’ensemble du Moyen-Orient.


























