Le porte-parole officiel de l’Armée nationale libyenne (ANL), Ahmed al-Mismari, a annoncé que l’émir de l’État islamique en Libye, Abou Abdallah a été tué.
L’annonce est intervenue dans la soirée du 15 septembre, lors d’une conférence de presse tenue à Benghazi, au cours de laquelle le porte-parole a rapporté que ses forces avaient mené une opération réussie depuis la veille, le 14 septembre, qui impliquait principalement la zone ouest de Sebha, dans le centre-sud de la Libye. L’offensive, a-t-on précisé, a commencé par des informations faisant état de l’existence d’une cellule terroriste, basée dans un quartier à la ville de Sabha.
Al-Mismari a ensuite ajouté que le 116e bataillon d’infanterie de l’ANL s’est affronté avec le groupe djihadiste dans une bataille d’une durée d’environ sept heures, au terme de laquelle 9 terroristes ont été tués, tandis que d’autres personnes ont été arrêtées. Parmi ceux-ci, un citoyen libyen, trois Saoudiens, un Egyptien, un Soudanais, un Nigérian et un autre de Côte d’Ivoire. L’opération a conduit à l’arrestation de deux femmes. La première, de Benghazi, est l’épouse d’un djihadiste, un combattant de l’Etat islamique qui a également été tué lors de l’opération. La deuxième femme, selon al-Mismari, est l’épouse de l’émir de l’État islamique en Libye, de nationalité égyptienne.
Avant l’annonce de l’opération le 15 septembre, un officier militaire de l’ANL, dirigé par le général Khalifa Haftar, avait signalé que l’État islamique avait repris ses activités dans le pays d’Afrique du Nord et, plus précisément, dans l’ouest libyen, près de par Sabratha. Ici, il y a aussi des milliers de mercenaires envoyés par la Turquie, qui sont intervenus dans le conflit libyen en cours pour soutenir le gouvernement de Tripoli. Le risque, a-t-on souligné, était que la ville occidentale devienne un nouveau foyer de terroristes.
À cet égard, Rami Abdurrahman, directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’homme, a rapporté en février 2020 que son réseau de surveillance avait estimé qu’environ 4700 mercenaires syriens soutenus par la Turquie avaient été envoyés en Libye et, parmi eux, au moins 130 étaient d’anciens combattants de l’État islamique ou d’Al-Qaïda. Selon Rami, les militants de l’État islamique ont rejoint la soi-disant Armée nationale syrienne (SNA), une alliance formée par la Turquie et composée de plusieurs factions qui se sont battues contre le gouvernement du président syrien Bashar al-Assad.
La présence en Libye de forces appartenant à l’État islamique a été confirmée à plusieurs reprises ces dernières années. Le coordinateur de la lutte contre le terrorisme de l’Union européenne, Gilles de Kerchove, avait déclaré que, bien que l’État islamique ait été vaincu au niveau territorial en Syrie et en Irak, il pourrait renaître dans des pays caractérisés par des « gouvernements faibles », Comme la Libye.
L’État islamique en Libye est présent à travers trois branches, qui tirent leur nom des provinces auxquelles ils appartiennent. En particulier, le Fezzan, situé dans le désert méridional, la Cyrénaïque, à l’Est, et la Tripolitaine, à l’Ouest. Les trois sous-groupes ont prêté allégeance au défunt chef Abou Bakr al-Baghdadi le 13 novembre 2014. Le 15 novembre 2019, les militants de l’État islamique en Libye ont également prêté allégeance au nouveau chef de l’État islamique, Abou Ibrahim al‑Hachimi al‑Qourachi, qui a succédé à al-Baghdadi le 31 octobre de la même année. Dans la vidéo diffusée, chaque photo a une légende qui cite: « Nous sommes aux côtés des troupes du califat du prince des fidèles, le cheikh djihadiste, Abu Ibrahim Abou Ibrahim al‑Hachimi al‑Qourachi « .
L’indice mondial du terrorisme 2019, par rapport à 2018, place la Libye à la 12e place parmi les pays qui souffrent le plus de la menace terroriste, avec un indice égal à 6,76 sur 10. Bien que les capacités militaires de l’État islamique aient considérablement diminué, le groupe terroriste est toujours capable de mener des attaques contre des cibles occidentales locales et dans la région environnante.
Dans le cadre de la lutte contre l’État islamique, un rôle important a été joué par Washington et le commandement américain en Afrique (AFRICOM), responsables de plusieurs attaques aériennes menées contre des milices terroristes, situées dans des zones définies comme principales pour la production pétrolière du pays. Entre le 20 et le 30 septembre 2019, quatre frappes aériennes ont causé la mort de 43 militants de l’État islamique mais, selon un responsable américain de la défense, il y a encore une centaine de combattants djihadistes en Libye.