L’organisation terroriste Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) a nommé un nouveau dirigeant, qui remplacera Abdelmalek Droukdel, tué lors d’une opération au Mali le 5 juin.
L’élu est Yazid Moubarak, connu sous le nom d’Abou Obeida Youssef al-Annabi, d’origine algérienne et ancien chef du «Conseil des dignitaires» d’AQMI. Selon les informations des services de renseignement algériens, al-Annabi représente le dernier «noyau dur» du groupe extrémiste depuis le début de ses opérations dans les années 1990, et figure parmi les personnalités les plus recherchées depuis une vingtaine d’années. La nouvelle de la nouvelle nomination a également été confirmée par le site de renseignement SITE, qui a précisé que, pour la première fois, le 21 novembre, AQMI a montré des images du chef décédé, Droukdel. Enfin, à la même occasion, l’organisation a confirmé le décès d’une citoyenne suisse, Beatrice Stoeckli, enlevée à Tombouctou alors qu’elle travaillait comme missionnaire en 2016.
Al-Annabi, un homme de 58 ans, a été inclus sur la liste noire des États-Unis, un terroriste recherché en septembre 2015, et est apparu dans de nombreuses vidéos de propagande de l’organisation. En particulier, en 2013, c’est le dirigeant nouvellement élu qui a encouragé la communauté musulmane à se venger de la France, compte tenu de son intervention au Mali. Al-Annabi serait originaire d’Annaba, l’une des principales régions de l’est de l’Algérie. En plus d’être un vétéran de la guerre en Afghanistan, Abou Obeida Youssef al-Annabi a été parmi les premiers à rejoindre AQMI, depuis sa fondation en 1993. Enfin et surtout, il a été l’un des fondateurs du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) et l’un des principaux promoteurs de la fusion avec Al-Qaïda. Selon une source de sécurité algérienne,
Le département d’État américain a décrit le nouveau chef d’AQMI « un terroriste mondial classé sous une forme spéciale », tandis que les Nations Unies ont déclaré qu’al-Annabi faisait également partie des sponsors de l’organisation terroriste. Cependant, le dirigeant nouvellement élu devra faire face à certains défis, notamment les frictions entre les groupes affiliés à «Al-Qaïda au Maghreb islamique» et ceux liés à «Daech au Grand Sahara (ISGS)», qui semblent avoir donné lieu à une diatribe qui dure depuis de nombreux mois et implique le Mali, le Niger et le Burkina Faso. Les experts en affaires de sécurité affirment qu’Al-Annabi fait partie des responsables de la planification de nombreuses opérations qui ont ciblé les forces militaires au Mali et les intérêts des pays occidentaux au Burkina Faso et au Niger
AQMI est issu d’un groupe fondé à la fin des années 1990 par des combattants algériens, né en réaction à l’intervention de l’armée au début de 1992 et pour contraindre le président algérien d’alors, Chadli Bendjedid, à démissionner. Plus tard, en 2007, des membres ont prêté allégeance au réseau Al-Qaïda d’Oussama Ben Laden. Jusqu’en 2013, lorsque les troupes françaises sont intervenues au Mali, AQMI était le groupe djihadiste prédominant dans toute la région, où il a mené plusieurs attaques avant de se diviser en plusieurs milices, dont certaines ont afflué dans le groupe État islamique, puis, dans la prise de territoires en Irak, en Syrie et en Libye. L’organisation terroriste nord-africaine est restée particulièrement active au Sahel, une région caractérisée par la présence de structures gouvernementales faibles. Au Mali, l’organisation a concentré ses activités vers le Nord, s’adressant notamment à la Libye et à la Tunisie. Avec le déclin de l’État islamique, AQMI a attiré un nombre croissant d’anciens combattants de l’État islamique dans ses rangs.