L’Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT), le plus grand syndicat du pays, a appelé à la grève à Aguereb, dans la région centre de Sfax, après des manifestations contre la réouverture de la décharge de la ville. L’une des raisons qui ont poussé les gens à décider de faire grève a été la mort d’un manifestant qui a été tué, selon des témoins, en raison de l’inhalation de gaz lacrymogènes tirés par la police pour disperser les manifestations.
L’UGTT, qui compte environ un million de membres et est un acteur important de la société et de la politique tunisiennes, a demandé une enquête judiciaire sur ce qu’elle a qualifié de « meurtre intentionnel d’un jeune manifestant ». Le syndicat a donc déclaré un jour de deuil pour Abderrazek Lacheheb, 35 ans, et a demandé que les responsables de son assassinat soient jugés.
Le ministère tunisien de l’Intérieur a nié que Lacheheb ait été étouffé par des gaz lacrymogènes, affirmant que le garçon était hospitalisé pour des problèmes de santé sans rapport avec les manifestations. Selon des sources judiciaires, les autorités tunisiennes ont ouvert une enquête sur la mort du manifestant, dont le corps sera soumis à une autopsie pour déterminer les causes de sa mort.
Les habitants d’Aguereb, exaspérés par la situation environnementale de la ville, avaient exprimé leur colère en défilant dans les rues et en affrontant les forces de l’ordre, alignées en tenue anti-émeute. Concernant les violences, le syndicat a appelé à la levée de ce qu’il a qualifié d’état de « siège » par les forces de sécurité et a demandé la fermeture définitive de la décharge et une indemnisation intégrale pour ses travailleurs. Mardi 9 novembre, des manifestants tunisiens ont incendié un commissariat, selon les révélations de certains témoins. L’armée est descendue dans la rue pour tenter d’arrêter les émeutes.
La fermeture de la décharge d’Agareb, en septembre, a provoqué l’accumulation de milliers de tonnes d’ordures ménagères pendant plus d’un mois dans les rues, les marchés et même les hôpitaux de Sfax, la deuxième ville de Tunisie. Les conseils municipaux de la région ont refusé de collecter les déchets, dénonçant l’incapacité de l’État à trouver une meilleure alternative. L’urgence a suscité la forte déception des habitants de Sfax, où des milliers de personnes ont manifesté la semaine dernière, accusant les autorités de vouloir délibérément tuer les habitants et de violer leurs droits. Pour régler la situation, le président tunisien, Kais Saied, a appelé le ministre de l’Intérieur et le Premier ministre à trouver une solution immédiate. Dans la soirée du lundi 8 novembre, le ministère de l’Environnement a annoncé la réouverture de la décharge d’Agareb,
Des témoins ont rapporté que, lorsque les travailleurs ont commencé à ramasser les déchets et à les transporter à Agareb, des centaines de jeunes se sont rassemblés dans la ville pour protester contre la décision, ce qui a incité la police à tirer des gaz lacrymogènes pour disperser la foule. Le ministère de l’Environnement avait précisé que la réouverture du centre de recyclage d’Agareb s’accompagnerait de mesures de remédiation et de correction. Cependant, ces raisons n’ont pas convaincu les habitants de la commune.